Dans le film « la liste de Schindler, » en
discutant des prisonniers du camp de concentration, Oskar Schindler (protagoniste)
discute avec Amon Goeth:
« Ils nous craignent parce que nous avons le pouvoir
de tuer arbitrairement. Un homme commet un crime, il devrait savoir ce qui l’attend.
On le fait tuer et on se sent bien, ou nous le tuons nous-mêmes et on se sent
encore mieux. Ce n’est pas la puissance... c’est la justice. C’est
différent de la puissance. La puissance c’est quand tu as toutes les
justifications de tuer, mais que tu ne le fais pas. » [Voir le clip en question ici (anglais)]
La bonté de Dieu se voit dans la façon dont il agit en dehors de ce qu'il serait en droit de faire. L'un des traits fascinants de Jésus, c'est sa douceur. C'est l'exemple de sa vie, et c'est ensuite récupéré comme quelque chose qui doit caractériser tous les chrétiens, et particulièrement les leaders des églises. Si on vous demandait d'énumérer à froid des caractéristiques de pasteurs, la douceur serait-elle dans la palmarès?
Le lexique BDAG définit le terme grec souvent traduit par « douceur » par « la qualité de ne pas être trop impressionné par le sentiment de sa propre importance, » ce qui est traduit en français par « douceur, humilité, courtoisie, considération, mansuétude (?!) ». Ce mot et ses termes apparentés sont présents à 16 endroits dans le NT,[1] et dans la traduction grecque (la Septante) de l’AT, 24 fois.[2]
Amy Dick - http://www.bowdencollections.com/journey-to-the-cross.html |
Cette douceur / humilité décrit tout le ministère de Jésus : le Dieu de l’univers incarné, née dans une crèche et qui se soumet volontairement à la crucifixion. Dans son entrée à Jérusalem, il n’entre pas comme le messie militaire triomphant qui bombarde les Romains, mais comme le roi de paix, assis sur un âne :
Plein de douceur, et monté sur un âne,
Sur un ânon, le petit d'une ânesse.
Cette qualité
est reprise par Paul et Pierre dans l’église naissante. C’est la première
caractéristique d’un apôtre : « Que voulez-vous? Que j'aille chez vous avec une verge, ou
avec amour et dans un esprit de douceur? » Comme un bon
Père, c’est « par la douceur et la bonté de Christ » (2 Cor 10:1 ) que Paul tente de
persuader, parce que la gentillesse désarme.
Cette
gentillesse/douceur est déversée dans le cœur du croyant par l’Esprit Saint (Gal 5:23 ; 6:1 ) et elle permet de reprendre
une frère ou une sœur dans la foi qui est dans l’erreur (Gal 6:1 ). C’est l’habit de ceux qui sont élus de Dieu (Col 3:12 ) et c’est celle-ci qui
maintient l’unité et l’harmonie chez les chrétiens : « Je vous exhorte donc [...] à
marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec
patience, vous supportant les uns les autres avec amour » (Eph
4:1-2 ).
La douceur
doit être la recherche de tous les chrétiens (Tites 3:2). Quand « les
autorités » et les non-croyants demandent la raison de notre foi,
c’est avec douceur et gentillesse, même lorsqu’il y a injustice, que cela doit
être fait (1 Pi 3:16 ).
Ainsi la douceur et l’humilité des croyants ne doit pas être qu’une affaire à
l’intérieur des murs de l’église : elle doit s’étendre à tous. Cette
douceur et cette amour doit être en spectacle devant tous : « Lequel d'entre vous est sage et
intelligent? Qu'il montre ses œuvres par une bonne conduite avec la
douceur de la sagesse »
(Jac 3:13 ). Spicq
dit : « c’est ainsi une caractéristique du comportement chrétien,
une marque de commerce de celui qui possède l’amour [de Dieu]. »[3]
Dans cinq des
16 références dans le NT, le terme est utilisé en relation à un responsable
d’Église.[4] Le
serviteur de Christ doit exercer sa douceur particulièrement lorsqu’il corrige
ceux qui causent des problèmes (2
Tim 2:25 ), et c’est par la douceur que le leader demeure calme et
qu’il ramène l’errant à la raison. C’est la douceur que Paul recommande à Timothée
de rechercher : « Pour
toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi,
la charité, la patience, la douceur » (1
Tim 6:11 ). Il
semble qu’il s’agisse d’une vertu indispensable pour le pasteur, si il veut
demeurer serein et propre au service, plutôt que réactionnaire et agressif.
N’est-ce pas
fascinant que Christ est venu sur Terre avec douceur et humilité? Il était en
droit d’être tout sauf doux lorsqu’il est entré dans cette Jérusalem qui allait
le crucifier.
La
gentillesse, l’humilité et la douceur n’ont pas vraiment la cote dans un monde
où il faut piller sur une couple d’orteils pour avancer. Les vantards et les
agressifs ont définitivement plus de succès. Mais cela n’a rien avoir avec ceux
que Christ a appelé.
Il y a là
matière à réflexion.
Quelques nouvelles et requêtes
de prière
Je
mentionnais dans les semaines précédentes que j’avais beaucoup à faire. Ma
grosse date de remise c’est jeudi le 3 mars. Merci d’avoir prié, mes travaux
progressent bien. J’apprends beaucoup et je m’en réjouis. Je commence à avoir hâte
à l’été; de revenir au Québec et de servir dans différents ministères. Ça fera
un changement de rythme très apprécié de ce que je fais depuis 2 ans.
Requêtes :
(1) discipline, concentration, acuité intellectuelle; (2) que je grandisse en
humilité/gentillesse (c’est de contexte, n’est-ce pas?) et en sainteté; (3) que
je puisse parvenir à bien me préparer pour le cours que je donnerai à Parole de
Vie en Mai -> ce n’est pas facile avec mon horaire au séminaire.
Je vous
remercie du soutien que vous manifestez de toutes ces façons : vos prières,
vos dons et vos encouragements. C’est de tout cœur que je remercie Dieu pour
vous.
Marc-André
Caron
[1] Les noms πραϋπαθία et
πραΰτης et l’adjectif πραΰς. Matt
5:5 ; 11:29 ;
21:5 ; 1
Cor 4:21 ; 2 Cor 10:1 ; Gal 5:23 ; 6:1 ; Eph 4:2 ; Col 3:12 ; 1 Tim 6:11 ; 2
Tim 2:25 ; Tites 3:2; Jacques
1:21 ; 3:13 ;
1 Pi 3:4 , 16
[2] Nom 12:3 (il est dit de Moïse qu'il est l'homme le plus "patient" (doux) sur la surface de la Terre) ; Ps 24:9 ; 33:3 ; 36:11 ; 44:5 ; 75:10 ; 89:10 ; 131:1 ; 146:6 ; 149:4 ; Job 24:4 ; 36:15 ; Joël 3:11 ; Soph 3:12 ; Zach 9:9 ; Esa 26:6 ; Dan 4:16 [la versification de certaines références est peut-être fautive par un
verset; la versification de la Septante étant légèrement différente.]
[3] TLNT, Spicq III:169-170.
Voir aussi TDNT F. Hauck/S. Schulz 6:645-61