Voici un extrait d'un travail que j'ai rédigé au baccalauréat dans un cours d'histoire du SLSJ donné par Gérard Bouchard. Le titre de l'essai était "Les Frères chrétiens au Saguenay-Lac-Saint-Jean : leur implantation, leur croissance et les implications d’une vie à contre-courant entre 1932 et 1970"
Recourir à des structures anglophones : les cimetières
et les écoles
Alors que le divorce était bien consommé
entre les habitants du Grand Rang et l’Église catholique, les Frères chrétiens
de Girardville devaient vivre dans un univers parallèle, car les catholiques
refusaient de fraterniser avec eux. Cela se répercute concrètement en ce qui a
trait à l’enterrement des morts et à l’éducation.
Dans les années 30, un chrétien de
l’assemblée de Girardville, M. Arthur Fortin, décéda, ainsi qu’un bébé. Un
cimetière avec charnier avait été établi, mais le permis d’inhumation n’avait
pas encore été émis. Alors, on fit une demande d’inhumation à la municipalité
de Girardville, mais celle-ci refusa de permettre l’inhumation de M. Fortin
dans le cimetière catholique[i].
Un autre refus fut essuyé au cimetière protestant de Dolbeau et les habitants
du Grand Rang durent finalement se rendre jusqu’au cimetière protestant de
Pointe-Bleue, à «environ cinquante milles
de Girardville»[ii]. Edgar
Doucet rapporte d’ailleurs que certains membres du clergé, à propos du
cimetière des Frères chrétiens, disaient «que
nous avions donné les corps comme nourriture aux renards (car mon père gardait
des renards); d’autres disaient que nous les avions enterrés dans le tas de
fumier en arrière de la grange»[iii].
La controverse de l’enterrement des morts cessa après la première inhumation,
après que le maire de l’époque s’informa pour faire déterrer M. Fortin, mais
qu’il eut appris auprès d’un avocat que les Frères chrétiens du Grand Rang étaient
dans leur droit[iv].
Un ensemble de procès-verbaux du Arvida Protestant Cemetery Association inc.
fut trouvée dans les archives de l’Église évangélique de Chicoutimi. Ces
procès-verbaux remontaient jusqu’en 1960 (l’organisme a cependant commencé à
exister en 1931), et à cette date un représentant de l’Église des Frères
chrétiens d’Arvida faisait partie du comité du cimetière. Ainsi, les
franco-protestants du Saguenay n’eurent pas de difficultés avec l’inhumation de
leurs morts puisqu’ils pouvaient faire affaire avec les cimetières protestants.
Cependant, soulignons que même dans la mort, les franco-protestants du
Saguenay-Lac-Saint-Jean étaient séparés de leurs voisins et de leurs familles
et qu’ils devaient mourir «en parallèle» à la société.
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