samedi 13 septembre 2014

Y’a du crack qui se vend là-bas, là aussi et derrière le liquor store



Mon église est située à 10 minutes du séminaire. L’utilisation la plus commune d’une poussette dans le coin n’est pas pour le transport d’enfants, mais pour servir de garde-robe aux itinérants.
Le genre de misère que je ne voyais pas trop au Saguenay parce qu’elle était mieux cachée.
Le 6 septembre dernier en me rendant à l’église avec un frère, on s’arrête pour discuter avec 2 sans-abri. C’est plus ou moins attirant un sans-abri, mais si tu passes outre ton chemin pour aller à l’église pour ensuite aller répandre la bonne parole, il y a comme un fossé gênant entre la théorie et l’application. Donc on s’arrête et on commence à discuter. L’un d’entre eux est vraiment « épeurant », pas propre, à l’air louche et instable.
Mon ami du séminaire discute de l’évangile avec l’un d’eux, puis nous sommes rejoints par un autre type de City Church. Puis un autre sans-abri arrive. C’est une épave humaine. Son langage est incompréhensible, sa barbe et ses cheveux sont d’une longueur qui témoigne qu’il a oublié l’hygiène depuis plusieurs mois et il est agressif et demande de l’argent. L’homme me taquine un peu et me dit des méchancetés, mais je n’en fait pas vraiment de cas parce que son anglais est incompréhensible.
Deux ou trois mètres plus loin, un quatrième type est assis, proprement vêtu. Je ne l’avais pas remarqué, un peu comme si mon cerveau l’avait ignoré tellement il ne cadrait pas dans le décor.
Il m’interpelle et je m’assois avec. Je m’aperçois qu’il a devant lui un verre d’alcool fort. On discute :
-« Ce gars là [l’homme qui m’avait insulté] n’est pas correct. Je respecte tellement ce que vous faites... prendre du temps pour nous parler et nous apporter la Parole... Ne fait pas attention à lui ».
[...]
- « Ça fait 28 ans qu’il est alcoolique chronique. Ça fait plus longtemps qu’il est dans la rue que nulle part ailleurs. Par exemple, si c’est planifié qu’il aille en réhabilitation demain à 3h00, et bien il n’ira pas. Il ne peut pas! Ensuite la semaine d’après il va prendre un nouveau rendez-vous, mais il n’ira pas ».
[...]
Puis il me parle de ce que c’est vivre dans la rue. Au travers de ces commentaires, cette phrase me frappe :
-« Y’a du crack qui se vend là-bas, par là et derrière le liquor store ».

Je lui pose des question sur son histoire personnelle:

- « Mon père était propriétaire d’un bar et était co-propriétaire d’un autre. Donc entre 14 et 15 ans, j’ai commencé à boire de la bière. C’est le seul modèle que j’ai connu ».
[...]
C'est pas du pepsi
- « J’ai été un alcoolique fonctionnel toute ma vie. Ça fait 3 semaines que je n’ai plus de travail et je bois depuis pour endormir l’ennui ».  
...
En cet après-midi de 13 septembre, je reviens d’aller porter une quarantaine de boîtes-repas résiduelles d’une conférence que nous avions au séminaire aujourd’hui. J’y suis allé avec le président des étudiants... un gars qui travaille dans les rues d’une grande ville au Mozambique l’été. Il me partageait comment la rue était un milieu épouvante : des femmes qui se vendent pour 3$ la nuit, la violence sexuelle homme sur homme, homme sur enfant, homme sur femme, la drogue, la violence, etc. Je traduis l’une de ces pensées : « La rue c’est un milieu épouvantable au-delà de tout ce que l’on peut penser. Tu arrêtes d’utiliser ton intelligence et tu te mets à vivre avec ton instinct. » Ensuite il me décrit la différence entre les différents types d’infections transmises sexuellement qu’il avait vu sur des enfants de la rue... J'ai appris que pour faire la différence  rapidement entre la gonorrhée et les autres, c'était l'odeur. Le genre d’histoire qui te vire à l’envers.
J’ai vu plusieurs fois des vidéos de « visages de crystal meth » (des vidéos avant/après de l’usage soutenu de cette drogue), en pensant à quel point c’était irréel et loin de ma réalité. Pourtant, présentement, c’est à environ 3 minutes d’où je dors. Quand j’étais au Saguenay, c’était là aussi, juste dans les endroits où je ne vais pas.
Alors que nous circulions sous les ponts pour aller à la rencontre des sans-abri, c’était frappant de les voir. Ils sont comme des zombies. Et ça brise le cœur, parce que ce sont des humains; ils sont magnifiquement créés à l’image de Dieu, pourtant leur extérieur est un témoignage criant de la violence du péché. Les choses ne sont ne sont pas comme elles sont sensées l'être et ce monde est profondément brisé.
Néanmoins je me réjouis de connaitre Dieu parce que l’évangile fournit un rock moral incontournable pour aimer son prochain et pour apporter l’espoir à quiconque, peu importe son contexte, son arrière-plan ou les chaines de ses addictions.
Jésus et la femme samaritaine
Jésus allait au-delà des barrières raciales, économiques, politiques et religieuses. Le récit de la femme samaritaine dans Jean 4 est un exemple prenant que l’évangile ne discrimine pas. La narration commence même par « comme il fallait qu’il passe par la Samarie » (Jean 4:4), dénotant le sentiment de nécessité pour Jésus de traverser ce territoire que les Juifs contournaient pour éviter les Samaritains qu’ils considéraient comme des bâtards à la religion hérétique. L’évangile va partout, pas juste dans les belles places.
Néanmoins, Jésus rencontre une femme samaritaine aux abords d’un puits vers midi. Midi étant le moment le plus chaud de la journée, ceci sous-entend que cette femme était une paria qui allait au puits à cette heure pour ne pas croiser personne. On peut penser qu’elle était une prostituée. Néanmoins, Jésus, sans égard à la protection de sa réputation de leader spirituel, l’aborde et lui adresse la parole.
Quand ces disciples le rejoignent (Jean 4:27), « ils furent surpris », parce que c’était quelque chose d’inacceptable socialement. On se rappelle que dans le monde Gréco-romain, et Juif d’autant plus, tu n’adresses pas la parole à une femme qui n’est pas de ta maison. Un peu comme si un rabbin orthodoxe allait au cœur de Gaza aujourd'hui pour déjeuner un de ces samedi matin.
Néanmoins, même si c’est une samaritaine, une pécheresse et une femme, Jésus lui adresse la parole et lui accorde l’amour et la reconnaissance que tout humain est en droit de recevoir. Il lui fait une offre fantastique en Jean 4:14 « [...] celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.» 
L’évangile ne discrimine pas. C’est tout le contraire. C’est le message d’un Dieu compatissant vers une humanité brisée. J’ai été frappé et attristé de rencontrer ces hommes. Mais en même temps je suis content parce que l’évangile c’est l’espoir libérateur de tous le monde. Du plus riche président directeur général jusqu’à mon ami de la rue.

Nouvelles et requêtes de prière :
-Mon futur stage. J’ai appris cette semaine que mon stage n’avait pas besoin d’être dans le même lieu pour les 3 sessions qu’il doit durer. Je vais surement faire mon stage comme assistant d’un professeur du séminaire. Ceci me permettrait de revenir au Québec durant l’été 2016 pour faire davantage de « terrain ». C’est encore très flou et les possibilités sont vastes.
-Mes samedi d’évangélisation avec City Church
-Le bon déroulement de mes études : l’énergie, la passion, l’intelligence et surtout la connaissance personnelle de Dieu.

J’aimerais prier pour vous. Si vous le désirez, vous pouvez m’écrire par facebook ou par courriel à <caron.marc.andre.bible@gmail.com>.

Merci de votre soutient, de vos encouragements, de vos prières et de vos bons mots. Ils font une différence, vraiment.

Marc-André

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