L’un des
exigences non-académiques de mon programme c’est de prendre part à un groupe de « formation spirituelle » qui se rencontre à toutes les semaines.
Nous sommes 5 et l’objectif est de cheminer ensemble pendant les deux
prochaines années et de se travailler les uns les autres pour finalement
grandir.
Récemment
les discussions et les introspections ont tourné autour du concept
« d’identité ».
Un piège
serait de se définir uniquement (ou principalement) par ce que nous croyons
être notre rôle principal: le travail ou notre rôle familial (d’époux ou de
parent). Ce serait un piège, parce que ces deux choses sont temporelles.
Personne n’est mariée pour toujours (et ce n’est pas tout le monde qui se
marie/passe le plus gros de leur vie adulte dans une relation continue) et le
jour de la retraite arrivera, ou l’emploi qu’une personne occupe aujourd’hui
pourrait être perdu le lendemain. Un jour les enfants quittent la maison.
Pareillement
pour les succès. Quand je vais être rendu « poche »... qui est-ce que
je vais être? Un « has-been »?
Donc si
l’aspect principal de mon identité est ancré dans le temporel, sur quoi vais-je
me tenir quand ça me sera enlevé?
Pour moi, la
seule fondation qui demeure toujours c’est que je suis en Christ (voir le billet "être en criss / être en Christ"). Ça ne veut pas dire que mes autres attributs/caractéristiques ne sont
pas importants, néanmoins je sais que le monde peut s’écrouler, toutefois qui
je suis en Christ c’est ferme comme le roc.
Les faux-soi
Pour revenir
à mon groupe, l’un des aspects fascinants des discussions c’était le concept
des faux-soi (false selves) que l’on
projette aux autres et aussi dans lesquelles on fonde notre identité malgré
nous.
Un peu
d’introspection : les 8 dernières de ma vie ont été toutes investies dans
la préparation pour le séminaire et puis ultimement pour servir l’Église
québécoise à temps plein. (Je me revois dans mes cours de baccalauréat étudier
des cartes de l’Europe médiévale par cœur pour être sur d’avoir la cote
universitaire nécessaire pour être accepté à DTS. J’ai de la misère à me rendre
à Roberval, mais je peux situer la Lotharingie par exemple...)
Même si mon objectif
est très pieux, si je suis honnête avec moi-même, ma propre perception en tant
que « séminariste/futur serviteur de l’évangile » est centrale à mon
identité. Si je n’avais pas ça, tsé... ce serait... différent?
Maintenant supposons
que toutes les portes se fermaient pour ce que je perçois être mon futur et que
j’étais forcé de quitter le séminaire, est-ce que je serais ok avec ça?
Mmmmmm.....
Je pense
que je serais correct et que je serais capable de rebondir sans traumatisme. Je
ne suis pas vraiment à l’aise avec l’idée, toutefois en sachant que mon
identité est en Christ et que qui je suis en totalement transcendé par lui,
ceci rend la perspective d’un bouleversement majeur acceptable.
Je me vois dans
le futur réaliser ce constat et avaler la pilule amer du bouleversement majeur,
mais je crois que mon identité en Christ me permettrait d’accepter les
changements de plan, de me retraiter sur mon Dieu puis de renfoncer avec un
nouveau dessein.
Quand qui je crois être s'écroule
Écrire ceci
me rappelle un sans-abri que j’ai rencontré en octobre. Le gars avait dans la
cinquantaine. Au début des années 1990, il m’a dit qu’il avait fait le camp des
Cowboys de Dallas comme receveur et qu’il avait finalement été retranché. Puis
ensuite sa vie a pris une débarque, il a commencé à se droguer et à boire comme
mécanisme de survie face à ce qui était l’écroulement de son identité. Puis
finalement il s’était ramassé en prison, et au moment où je le rencontrais il
était sur le point d’avoir son casier judiciaire effacé, ce qui allait l’aider
à se trouver un emploi. La triste rétrospective d’une vie brisée par une
identité fondée sur le sable.
Un modèle sympathique de qui je suis en Christ
Après
réflexion, je conçois mon identité de la façon suivante (à noter que l’image
n’a rien de systématique, de scientifique ou de terriblement précise, mais je
l’aime bien).
·
Fidèle au langage biblique, les humains sont des
vases d’argile. Nous pouvons contenir bien des choses: des précieuses comme des
vaines, néanmoins nous sommes bien fragiles.
·
Puisque je suis en Christ, c’est lui qui me
rempli. Mon identité et toutes mes caractéristiques sont complètement
transcendées par lui.
·
Les autres composantes de qui je suis (mes
occupations, ma personnalité, mon arrière-plan, etc.) flottent dans la jarre.
Elles sont un peu comme du colorant alimentaire qui me donne ma couleur propre.
En dépit de
la couleur du mélange, peu importe ce que je suis est en quand même pleinement
en Christ. L’image est très simplette, mais je la trouve utile parce qu’elle
illustre bien comment toutes les caractéristiques d’un chrétien sont
complètement transcendées par le fait qu’il est en Christ. Ça illustre
puissamment que je suis avant tout un chrétien, mais ça ne nie pas l’idée que
je suis une personne avec des caractéristiques particulières. Par conséquent il
n’y a pas de fausse opposition entre « les choses de la vraie vie »
et être un chrétien. De plus, si ma vie est virée de bord, je ne suis pas
détruit parce que je sais que je suis encore complètement en Christ. La couleur
du mélange peut changer, toutefois qui je suis en Christ c’est totalement
ferme.
Ça aide
aussi à donner un sens à ce qui peut ne pas en faire à prime abord. Voir toute
sa vie transcender par Christ enlève la distinction stupide que l’on peut faire
entre le séculier et le sacré: tout devient sacré. Mon travail est sacré, mes
études sont sacrés, mes amis sont sacrés, car tout ce que je fais est fait en
Christ.
Il n’y a
plus de « vies séparées ». Mon dimanche matin n’est pas le moment
spirituel de la semaine, mon vendredi soir n’est pas le moment de récréation,
mes lundi-vendredi ne sont pas les moments où je travaille: tout est intégré
par qui je suis en Christ.
« Tu nous as faits pour toi et notre
cœur est sans repos, tant qu'il ne repose pas en toi » Augustin
« Ainsi donc,
que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la
gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10:31)
L’apôtre Paul
« Ce que nous sommes (notre soi ou
notre identité personnelle) est partiellement le résultat de la Création
(l’Image de Dieu) et particulièrement le résultat de la Chute (l’Image
défigurée). Le soi que nous devons répudier, renier et crucifier est notre soi
déchu, tout notre intérieur qui est incompatible avec Jésus-Christ (d’où le
commandement du Christ, « ...qu’il renonce à lui-même et qu’il me
suive »). Le soi que nous devons affirmer et valoriser est notre soi qui
fut créé, tout notre intérieur qui est compatible avec Jésus-Christ (d’où son
affirmation que si nous nous perdons nous-mêmes en reniement de soi, que nous
nous trouverons). Le vrai reniement de soi (le reniement de notre faux soi
déchu) n’est pas le chemin vers l’autodestruction, mais le chemin vers la
découverte de soi. »
John
Stott
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Quelques nouvelles et requêtes de prière :
- J’ai eu du temps fantastique aujourd’hui avec les gars de mon église. Nous sommes allés distribuer du chocolat chaud gratuit tout en partageant l’évangile. À 6 degré à l’extérieur, c’était vraiment une approche plaisante.
- Je suis présentement en semaine de lecture.
- Requêtes de prières: (1) passion, discipline, perspicacité, engagement, intelligence, croissance, etc.! (2) Samedi d’évangélisation avec CCI (City Church International) - spécifiquement un dénommé Quentin avec qui j’ai eu vraiment une bonne discussion aujourd’hui, (3) mon après séminaire.
Merci de me supporter de toutes les façons que vous utilisez. Vous êtes un encouragement énorme et je me sens redevable envers vous
pour m’investir dans ce que vous m’avez envoyé faire ici aux limites de
l’humainement possible (ok... un peu d’exagération). Merci de votre confiance
et de votre engagement dans le Seigneur. Vous faites réellement une différence.
Marc-André Caron
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