jeudi 2 mars 2017

La Spiritualité selon l’épitre aux Hébreux

Qu’est-ce que la spiritualité?
La spiritualité réfère à la relation qu’une personne a avec l’Esprit Saint. Il est possible de marcher par l’Esprit et d’être conduit par lui (Gal 5:16–26) tout comme il est possible d’éteindre l’Esprit (1 Thess 5 :19) ou de l’attrister (Éph 4:30). En mettant leur foi en Jésus comme Sauveur et Seigneur, les chrétiens sont unis à Christ et baptisés du même Esprit dès leur conversion (1 Cor 12:13; Éph 1:13). Donc par « spiritualité », je n’entends pas une personne qui aime regarder les étoiles, qui est en quête de sens ou de vérité, ou qui entretient des réflexions profondes sur l’organisation de l’univers. Selon ce critère (= être ne relation avec l’Esprit de Dieu par l’union à Christ), il n’y a pas spiritualité à part du Dieu Trinitaire.
Dans ce blogue, je souhaite articuler la contribution de l’épitre aux Hébreux pour notre compréhension de ce que signifie être en relation avec Dieu. Se faisant, j’espère être encouragé par l’abondance de la grâce que les enfants de Dieu ont. Vous m’excuserez de la longueur du billet! 

La nouvelle alliance, le repas du Seigneur et l’Esprit Saint
La nuit avant sa crucifixion, Jésus a institué le « repas du Seigneur », un repas dans lequel le pain et le vin sont pris en commémoration de son corps brisé et de son sang versé (Matt 26:26–28; Marc 14:22–24; Luc 22:19; 1 Cor 11:23–26).
« Et, ayant pris une coupe et rendu grâces, il dit: Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous;  car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu.  Ensuite il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » Luc 22 :17–20
Quand Jésus a dit « nouvelle alliance », un paquet de promesses de l’ancien testament (ou l’ancienne alliance...) est venu dans la tête des disciples. Les prophètes avaient annoncé une nouvelle alliance, une nouvelle alliance entre Dieu et Israël dans laquelle Dieu lui-même allait transformer son peuple de l’intérieur de leur cœur pour qu’ils marchent en conformité avec lui (Jér 31:31–24; Ézek 36:24–27; 37:24–28). Entre autre :
« Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. » Ézek 36:26–27
L’Esprit Saint, le médiateur de la présence de Christ et celui qui nous transforme
Jésus a été crucifié et enterré, puis il est ressuscité. Avant sa mort, il avait promis d’envoyer « un autre consolateur » (Luc 24:49; Jean 14:15–17, 26; 15:26–27; 16:12–15) c’est-à-dire l’Esprit de Dieu qui allait transformer les croyants, les équiper à rendre témoignage de Jésus et celui qui serait le médiateur de la présence de Jésus parmi son Église (Jean 16:12–15; Actes 16:7; 2 Cor 3:16–18). L’Esprit est descendu sur les croyants lors de la Pentecôte (Actes 2).
Au travers du livre des Actes, l’Esprit Saint donne la puissance nécessaire à l’Église pour témoigner de Jésus par la prédication et des miracles.
Paul explique dans ses écrits que l’Esprit est celui qui guide les chrétiens et qui les transforme à l’image du Christ (Rom 6:2; Cor 3:19). Il répand son amour dans le cœur des croyants (Rom 5:5) et il leur permet de vivre pour Dieu dans la justice, la sainteté et la liberté de la loi et de la condamnation (Rom 8:1–17).
« Ainsi donc, frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si par l'Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Et vous n'avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Rom 8:12–16
Le point de vue unique d’Hébreux
Quand on arrive à l’épitre aux Hébreux, la perspective est différente. L’auteur ne parle pas beaucoup du Saint-Esprit (il est mentionné en passant en 2:4; 3:7; 6:4; 9:8, 14; 10:15, 29). Contrairement à Paul qui développe abondamment le rôle du Saint-Esprit pour la transformation du cœur des croyants et de leurs actions (e.g., Rom 8; 2 Cor 3; Gal 5; Éph 5), le rôle de l’Esprit Saint dans la marche du croyant n’est pas explicitement expliquée dans l’épitre aux Hébreux. Cependant, la fonction du Saint-Esprit dans la transformation du croyant est sous-entendue dans les passages qui touchent la Nouvelle alliance (on peut voir la résonance dans 8:10–11; 9:13–15; 10:15; 13:20–21. Surtout 9:14).
Ceci soulève la question, quelle est la contribution particulière de l’épitre aux Hébreux à propos de la vie spirituelle, c’est-à-dire de la relation entre les croyants et Dieu?
Puisque l’épitre aux Hébreux est plutôt complexe, je ne vais que me concentrer sur un motif en particulier, celui du mouvement.
L’épitre aux Hébreux fut destinée à une communauté persécutée pour le prix de sa foi; elle vit dans la souffrance et la peur de la mort (e.g., Héb 10:32–39; 13:13). Les destinataires de l’épitre sont dépeints comme étant le peuple de Dieu en migration. Ils sont toujours au seuil d’une frontière: sur le point d’entrer dans la terre promise, mais pas encore tout à fait arrivé.
 Les exhortations consistent en des verbes de mouvements, si bien que la vie chrétienne est une migration : les chrétiens migrent vers le salut (2:1–4), le repos du sabbat (3:1–4:13), la perfection (5:11–6:20), la promesse (11:39), la montagne de Sion, la Jérusalem céleste (12:25–27) et la cité éternelle à venir (13:14). Le dangers sur la route sont la désorientation en étant emporté ailleurs (2:1–4), l’incrédulité et la désobéissance (3:1–4:13), l’apostasie (6:6), s’abandonner au découragement (« le péché », 12:4), et le confort de la cité terrestre (13:14). Ainsi, les chrétiens doivent imiter ou éviter les exemples du passé: ceux qui ont brisé la loi (2:2), la génération dans le désert (3:1–19), Abraham et la génération du désert (6:12–15), leurs conducteurs (13:7), les héros de la foi (11:1–40) et Ésaü (12:16–17).
Il y a un paradoxe. D’un côté, la vie chrétienne est une vie d’endurance et de souffrance. C’est une vie de mouvement constant, quasiment étourdissante, dans laquelle il ne faut jamais arrêter de marcher. De l’autre côté, les chrétiens, bien qu’ils marchent sur Terre, n’ont pas à peiner pour accéder à la présence de Dieu. Durant ce voyage, les migrants, ceux qui ont pris refuge en Dieu (6:18), peuvent approcher le trône de grâce dans le sanctuaire céleste pour être secourus de leurs besoins, et recevoir miséricorde et grâce (2:18; 4:14–16; 7:25; 10:19–25). Ce mouvement vers Dieu est sans effort, toujours possible et acquis par Christ, car il est leur souverain sacrificateur, celui qui les amène directement dans le Saint des Saints, c’est-à-dire la présence de Dieu. Que fait un souverain sacrificateur? Une fois par année, celui-ci entrait dans le Saint des Saints (là où la présence de Dieu résidait) et il aspergeait le sang sur le propitiatoire sur l’arche de l’alliance pour le pardon de ses péchés et des péchés du peuple. Par cette action, le souverain sacrificateur pourvoyait à ce qui était nécessaire pour que le peuple d’Israël soit en relation avec Dieu. Toutes ces choses étaient des ombres des choses à venir en Christ, lui qui notre vrai grand souverain sacrificateur.
Bien que la vie puisse nous désorienter, nous fatiguer, ou être franchement difficile par la foi (11:33, 37 « par la foi [...] ils furent lapidés, sciés, torturés... »), les chrétiens POSSÈDENT un souverain sacrificateur miséricordieux et compatissant qui leur donne un accès DIRECTE à la présence de Dieu.[1] La difficulté du chemin sur la Terre est amplement compensée par la richesse des provisions de grâce que notre souverain sacrificateur nous donne en nous donnant un libre accès au sanctuaire.
Sachant que le ministère de l’Esprit Saint est en partie d’être le médiateur de la présence de Christ (e.g., Jean 16:12–15; Actes 16:7; 2 Cor 3:16–18), je pense que l’auteur de l’épitre aux Hébreux ne parle pas tant de l’Esprit Saint dans son épitre en connexion avec la vie spirituelle des croyants parce qu’il a comme angle particulier l’accès immédiat à la présence de Dieu que Christ, le grand souverain sacrificateur, permet à ses frères et sœurs d’avoir. Vous pouvez observer dans les passages suivants que (1) l’accès à Dieu est quelque chose que les croyants possèdent; (2) cet accès est sans effort pour le croyant; (3) c’est le moyen d’obtenir la grâce nécessaire pour persévérer.
« Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » Héb 4:14–16
« C’est aussi pour cela qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. » Héb 7:25
« Ainsi donc, frères, nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair, et nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu; approchons-nous donc avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. » Héb 10:19–22
Le voyage sur Terre est ardue : « vous avez besoin d’endurance » (10:36) ... « vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en luttant contre le péché » (12:4) ... mais la grâce nécessaire pour enfiler un pas après l’autre se trouve dans la grâce, la miséricorde et lu secours au temps opportun que nous avons dans la présence de Dieu. Il n’y a pas de chemin à difficile à parcourir pour recevoir cette aide : c’est Jésus notre précurseur (6:19) qui a fait le chemin pour nous. C’est en ‘fermant les yeux’ qu’on a accès avec assurance au trône de grâce.
En vertu du sacrifice parfait de notre souverain sacrificateur, on se transporte réellement dans la présence de Dieu où nous pouvons déposer nos demandes avec assurance pour trouver miséricorde et grâce.
Quand on ferme les yeux pour prier, rien ne semble se passer. Mais Hébreux nous fait voir que nos prières se rendent jusqu’au trône du Dieu de l’univers et que Jésus y est présent et intercède constamment pour nous. C’est une erreur sans fin de penser que la prière est passive et qu’elle n’accomplit rien.
Si je pouvais me rendre au trône de Dieu pour obtenir grâce, miséricorde et le secours dont j’ai besoin, le ferais-je? L’épitre aux Hébreux tire sur le voile de la réalité et nous montre que avons cet accès et que la seule chose qui nous prive de la grâce, de la miséricorde et de l’aide dont nous avons besoin, c’est notre propre négligence.
Pour moi, penser à ces thèmes m’a béni en me permettant de visualiser ce qui se passe lorsque nous nous tournons vers Dieu. Cette vision de majesté renouvelle ma gratitude envers ces grâces que Dieu nous donne, et me pousse vers mon Dieu pour que je me puisse me prévoir de la grâce que j’ai besoin.

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Quelques nouvelles et requêtes de prière
(1) Du 12 au 19 mars (durant ma semaine de lecture), je vais être en Afrique pour servir de traducteur pour l’un de mes profs. Mon prof, Richard Calenberg, est un missionnaire qui a passé plusieurs décennies au Nigéria. Depuis quelques années, il organise des conférences pour pasteurs en Afrique. Il est dit de l’Afrique que le Christianisme « est large de 10,000 kilomètres, mais d’une profondeur d’un centimètre ». En bref, les Églises luttent avec le syncrétisme et avec l’évangile de la prospérité. Dr Calenberg fait de l’éducation théologique au niveau des pasteurs avec le « Projet Romains ». Les participants de la conférence doivent lire l’épitre aux Romains 20 fois et la recopier une fois dans un carnet. Ensuite, ils assistent à une conférence qui consiste à de la prédication par exposition sur l’épitre aux Romains. Si les participants ont rempli les attentes du programme, ils reçoivent un lecteur mp3 avec 500 heures de prédications par exposition. Pour un pasteur n’ayant pas de formation ni de bibliothèque, c’est un outil de travail vraiment incroyable. De plus, la maitrise de l’épitre aux Romains leur permet de saisir l’évangile dans ce qu’elle EST et ce qu’elle n’est PAS, ce qui corrigera bien des fausses doctrines. Donc bref, Dieu m’a béni avec l’opportunité d’aller visiter les frères et sœurs d’un pays africain et de participer à l’éducation théologique mondiale. Mes frais sont couverts par l’organisation de mon prof. Vous pouvez certainement prier pour ce voyage!
(2) Pour bien finir ma dernière session au séminaire. Il ne me reste que 2 mois! Priez pour l’énergie, la passion, la discipline et l’acuité intellectuelle. J’ai beaucoup à faire.
(3) Transition vers le ministère pastorale et l’université Laval.

Merci de vos prières et de votre support moral et financier!

Marc-André




[1] Voir l’ensemble des verbes de déplacement: approcher (προσέρχομαι) 4:16; 7:25; 10:22; 11:6; 12:18, 22; sortir (ἐξέρχομαι) 13:15; approcher (ἐγγίζω 7:19); entrer (εἰσέρχομαι) 3:11, 18, 19; 4:1, 3, 5, 6, 10, 11; 6:19, 20; 9:12, 24, 25; 10:5.

2 commentaires:

  1. D'abord Marc-André, merci pour ce billet qui somme toute, n'est pas long du tout, et bien à propos et encourageant pour nous, chrétiens vivant pour Christ au-milieu de cette ­«parure» bien distrayante qu'est le monde d'aujourd'hui...!
    Ça m'a fait du bien de te lire et de constater avec quelle ardeur et dévouement envers notre Sauveur et Seigneur, tu continues ta formation en ne comptant que sur Lui...
    Tu demeures dans mes prières depuis le début de ton «enrôlement» et je t'accompagnerai aussi dans la prière tout au long ce projet africain, ainsi que dans la continuité de ta formation et sanctification à Laval et parmi nous et avec nous, près des tiens et tienne... J'intercède avec toi et Christ notre Souverain Sacrificateur est au centre... Loué et adoré soit-Il parmi nous et en son corps qu'est l'Église vivante... En Lui, MARANATHA.

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    1. Merci beaucoup du bon mot, et par dessus tout des prières.
      J'ai très hâte d'être de retour à Chicoutimi et d'être avez vous!
      Je prie pour toi aussi, aussi!
      Ma

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