dimanche 15 février 2015

Cruzer dans les églises plutôt que dans les bars



Ma prémisse dans le dating va comme suit : « je cruze dans les églises plutôt que dans les bars. » Si vous êtes comme la fille qui me faisait de l’œil et à qui j’ai répondu ça, vous êtes surement un peu perplexe. Je m’explique...
En tant qu’observateur de la love game contemporaine, j’estime que la difficulté principale c’est de savoir à qui tu as affaire. Au delà du décolleté, quelles sont les croyances profondes de la demoiselle sur l’amour, le couple, etc.?  
Le problème de la love game contemporaine en est un de fondement. La love game n’a justement plus de fondement.
Par fondement, je pense à des valeurs partagées. Un ensemble de réponses qui peuvent être prises pour acquises chez la personnes que tu rencontres. Des réponses à des questions comme :
·         Quel est le but de notre rencontre? (un one-night? Rire et danser? S’essayer comme chum? Se marier?) Devrait-il même y avoir un but?
·         Est-ce que le mariage est conditionnel ou inconditionnel? « Dans la richesse comme la pauvreté, dans la santé comme la maladie? » 
·         Qu’est-ce que la « bonne vie? » - ce que l’on veut construire comme couple.
·         Quels sont les rôles des sexes dans le couple (existent-ils?)
·         Comment élèvera-t-on nos enfants? En voulons-nous?
·         Quel est notre définition de l’amour?
·         Sommes-nous prêts à se pardonner?

·         Dieu, Jésus, etc.?


Les réponses à ces questions peuvent variées, le point important c’est que ces réponses soient partagées.

Le confort de cruzer dans des églises
Ma grande consolation, c’est que cruzer dans les églises t’enlève une partie du problème, parce que ça te donne comme point de départ une vision du monde commune avec l’autre personne.  Je généralise, mais vous pouvez comprendre que rencontrer quelqu’un dans une réunion de prière permet de préjuger son système de valeurs avec plus de précision que la fille avec qui tu as dansé après 2-3 shooters. Je ne prétend pas que danser dans un bar c’est garant d’un échec, mais j’avance néanmoins qu’en 2015 dans une société où le spectre des valeurs joue d’un extrême à l’autre d’un individu à l’autre, rencontrer quelqu’un dans un bar diminue ta chance de trouver chaussure à ton pied. Mes parents se sont rencontrés dans un bar, et ça se passe très bien pour eux. Mais vous comprenez mon point.
En d’autres mots, la fille avec qui tu as prié mercredi soir passé, elle a statistiquement plus de chance d’avoir davantage de valeurs communes avec toi que celle que je rencontrerais sur le dance floor. L’un n’empêche pas l’autre, mais ma passion pour les sacs surprises s’est arrêtée à la fin de mon primaire.

La peur qui me pogne quand je pense à cruzer dans un bar
La peur qui me pogne c’est la difficulté de rencontrer la personne avec des valeurs communes. Le fossé des valeurs entre les individus est épeurant. Et d’autant plus entre les sexes. Permettez-moi de faire de grossières généralisations basées sur plusieurs conversations.
Chez les gars, il n’y a absolument aucune raison de se marier, parce que tout est à perdre dans un mariage. La sexualité étant accessible en dehors du mariage, se marier « c’est juste une façon de s’assurer que tu vas perdre ton fond de pension quand ton mariage échouera inévitablement. » Je ne sais pas à qui attribuer cette citation, mais je l’ai entendu plusieurs fois.
Chez les filles (il s’agit d’une grossière généralisation, évidemment), j’ai [très] souvent entendu une volonté très claire de se marier.
Je me rappelle une de ces bonne fois au dépanneur, je parlais de couple avec deux personnes qui « se fréquentaient ». Le gars m’expliquait (devant sa fréquentation) qu’il ne se marierait jamais, parce que c’était inutile aujourd’hui et que c’était aussi une garantie de scraper son avoir matériel. Je pouvais clairement voir dans le visage de la demoiselle le profond malaise. Quand je lui ai demandé, « tu aimerais te marier, n’est-ce pas? », elle s’est contentée de sourire, étant très embêtée, et de rire nerveusement. Donc quel est la priorité, c'est le matériel ou c'est le couple ou autre chose?
Tu rencontres quelqu’un, tu l’aimes, mais finalement vous pensez parler de la même chose (les petites lignes de l’accord tacite du couple), mais finalement vous ne partagez pas la même opinion sur aucun des aspects importants.
Parmi les choses qui me réconfortent en étant chrétien, c’est que mon bassin de potentielles est beaucoup moins hasardeux. Je ne suis pas entrain de dire que toutes les femmes chrétiennes sont parfaites et que les non-chrétiennes sont misérables. Ce n’est précisément PAS ce que je dis. Mon point c’est qu’il y a quelque chose de profondément rassurant à commencer une relation avec quelqu’un qui a la même vision du monde que toi.
Je cite Tim Keller sur le sujet de l'évangile, du couple et de la sexualité :

« Le moraliste tend à voir le sexe comme quelque chose de sale, ou au moins comme une impulsion dangereuse qui mène à pécher constamment. Le relativiste/pragmatiste voit le sexe comme un simple appétit physique et biologique. L’évangile montre que la sexualité est supposée refléter le don de soi volontaire du Christ. Il s’est donné lui même complètement, sans condition. Conséquemment, nous ne devons pas rechercher l’intimité tout en retenant le reste de nos vies. Si nous nous donnons sexuellement, nous devons aussi nous donner légalement, socialement, et personnellement. Le sexe ne doit seulement être dans la relation permanente d’engagement total qu’est le mariage. (Center Church, 48-49).

Avant de commencer à construire quelque chose, il est sage de s'interroger sur ce que l'on veut construire exactement. Je suis reconnaissant pour mes parents, et mes oncles et mes tantes (qui ne sont pas des « chrétiens évangéliques ») et qui ont de beaux mariages. Encore une fois, mon point derrière ma maxime, c’est d’éviter les déceptions en ayant en amont la même conception de la vie.

PS. Le vocabulaire utilisé dans cet article reflète volontairement et ironiquement la consolation de cruzer dans des églises. Quand on cruze dans des bars on parle de .... draguer, cruzer, dating, love game, fourrer une fille, one-night stand, la chasse, etc., dans les églises on parle d’engagement, de mariage, de vie commune, « devenir une seule chair ». C’est intéressant de noter que l’euphémisme utilisé dans la Bible pour les relations sexuelles sont « ils se connurent ». Se connaitre... Il y a plus ici qu’un euphémisme, mais toute un univers de la vie à deux.

[Juste pour être clair, j'utilise les mots églises et bars comme les symboles de deux visions du monde différentes... donc tu peux très certainement ne jamais avoir mis les pieds dans une église et "cruzer dans une église," comme tu peux avoir "cruzer dans une église véritablement" selon une vision du monde de bar].

Quelques nouvelles et requêtes de prière 
·         Cette semaine au séminaire nous avions en conférence Nancy Writebol, la 2e américaine qui a été infectée par l’Ébola (parce qu’elle était infirmière là-bas). Elle a survécu et elle et son mari retourneront au Libéria en mars afin de servir les survivants de la maladie qui vivent maintenant avec les stigmates sociaux associés. Assez inspirant.
·         Pour ma discipline personnelle, l’acuité intellectuelle et la passion. La charge de travail est vraiment lourde. Je roule à fond, mais justement j’ai l’impression de « virer de dessous. »
·         Pour la santé de ma soeur Laurie qui se remet d’une opération aux hanches et pour mes parents qui en prennent soin.
·         Que Dieu me façonne en grâce, en amour et en vérité.

Merci beaucoup pour votre support financier, moral et spirituel. Vous êtes des amis précieux et j’apprécie tellement tout l’amour que je reçois. Même quand le temps est long à la biblio, je sais que je ne suis jamais seul, parce que mes frères et mes sœurs du Québec sont, d’une certaine façon, avec moi. Merci de tout cœur.

Marc-André Caron

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