Ma prémisse dans le dating
va comme suit : « je cruze dans les églises plutôt que dans les
bars. » Si vous êtes comme la fille qui me faisait de l’œil et à qui
j’ai répondu ça, vous êtes surement un peu perplexe. Je m’explique...
En tant qu’observateur de la love
game contemporaine, j’estime que la difficulté principale c’est de savoir à
qui tu as affaire. Au delà du décolleté, quelles sont les croyances profondes
de la demoiselle sur l’amour, le couple, etc.?
Le problème de la love game
contemporaine en est un de fondement. La love game n’a justement plus de
fondement.
Par fondement, je pense à des
valeurs partagées. Un ensemble de réponses qui peuvent être prises pour acquises
chez la personnes que tu rencontres. Des réponses à des questions comme :
·
Quel est le but de notre
rencontre? (un one-night? Rire et danser? S’essayer comme chum? Se
marier?) Devrait-il même y avoir un but?
·
Est-ce que le mariage est
conditionnel ou inconditionnel? « Dans la richesse comme la pauvreté,
dans la santé comme la maladie? »
·
Qu’est-ce que la « bonne
vie? » - ce que l’on veut construire comme couple.
·
Quels sont les rôles des sexes
dans le couple (existent-ils?)
·
Comment élèvera-t-on nos enfants? En voulons-nous?
·
Quel est notre définition de l’amour?
·
Sommes-nous prêts à se pardonner?
· Dieu, Jésus, etc.?
Les réponses à ces questions
peuvent variées, le point important c’est que ces réponses soient partagées.
Le confort de cruzer
dans des églises
Ma grande consolation, c’est que cruzer
dans les églises t’enlève une partie du problème, parce que ça te donne
comme point de départ une vision du monde commune avec l’autre personne. Je généralise, mais vous pouvez comprendre
que rencontrer quelqu’un dans une réunion de prière permet de préjuger son
système de valeurs avec plus de précision que la fille avec qui tu as dansé
après 2-3 shooters. Je ne prétend pas que danser dans un bar c’est garant d’un
échec, mais j’avance néanmoins qu’en 2015 dans une société où le spectre des
valeurs joue d’un extrême à l’autre d’un individu à l’autre, rencontrer
quelqu’un dans un bar diminue ta chance de trouver chaussure à ton pied. Mes
parents se sont rencontrés dans un bar, et ça se passe très bien pour eux. Mais
vous comprenez mon point.
En d’autres mots, la fille avec
qui tu as prié mercredi soir passé, elle a statistiquement plus de chance d’avoir
davantage de valeurs communes avec toi que celle que je rencontrerais sur le dance
floor. L’un n’empêche pas l’autre, mais ma passion pour les sacs surprises
s’est arrêtée à la fin de mon primaire.
La peur qui me pogne quand je
pense à cruzer dans un bar
La peur qui me pogne c’est la
difficulté de rencontrer la personne avec des valeurs communes. Le fossé des
valeurs entre les individus est épeurant. Et d’autant plus entre les sexes. Permettez-moi
de faire de grossières généralisations basées sur plusieurs conversations.
Chez les gars, il n’y a
absolument aucune raison de se marier, parce que tout est à perdre dans un
mariage. La sexualité étant accessible en dehors du mariage, se marier « c’est
juste une façon de s’assurer que tu vas perdre ton fond de pension quand ton mariage
échouera inévitablement. » Je ne sais pas à qui attribuer cette
citation, mais je l’ai entendu plusieurs fois.
Chez les filles (il s’agit d’une
grossière généralisation, évidemment), j’ai [très] souvent entendu une volonté très
claire de se marier.
Je me rappelle une de ces bonne
fois au dépanneur, je parlais de couple avec deux personnes qui « se
fréquentaient ». Le gars m’expliquait (devant sa fréquentation) qu’il
ne se marierait jamais, parce que c’était inutile aujourd’hui et que c’était
aussi une garantie de scraper son avoir matériel. Je pouvais clairement
voir dans le visage de la demoiselle le profond malaise. Quand je lui ai
demandé, « tu aimerais te marier, n’est-ce pas? », elle s’est
contentée de sourire, étant très embêtée, et de rire nerveusement. Donc quel est la priorité, c'est le matériel ou c'est le couple ou autre chose?
Tu rencontres quelqu’un, tu
l’aimes, mais finalement vous pensez parler de la même chose (les petites
lignes de l’accord tacite du couple), mais finalement vous ne partagez pas la
même opinion sur aucun des aspects importants.
Parmi les choses qui me
réconfortent en étant chrétien, c’est que mon bassin de potentielles est beaucoup
moins hasardeux. Je ne suis pas entrain de dire que toutes les femmes
chrétiennes sont parfaites et que les non-chrétiennes sont misérables. Ce n’est
précisément PAS ce que je dis. Mon point c’est qu’il y a quelque chose de
profondément rassurant à commencer une relation avec quelqu’un qui a la même
vision du monde que toi.
Je cite Tim
Keller sur le sujet de l'évangile, du couple et de la sexualité :
« Le
moraliste tend à voir le sexe comme quelque chose de sale, ou au moins comme
une impulsion dangereuse qui mène à pécher constamment. Le
relativiste/pragmatiste voit le sexe comme un simple appétit physique et
biologique. L’évangile montre que la sexualité est supposée refléter le don de
soi volontaire du Christ. Il s’est donné lui même complètement, sans condition.
Conséquemment, nous ne devons pas rechercher l’intimité tout en retenant le
reste de nos vies. Si nous nous donnons sexuellement, nous devons aussi nous
donner légalement, socialement, et personnellement. Le sexe ne doit seulement être
dans la relation permanente d’engagement total qu’est le mariage. (Center
Church, 48-49).
Avant de commencer à construire quelque chose, il est sage de s'interroger sur ce que l'on veut construire exactement. Je suis reconnaissant pour mes
parents, et mes oncles et mes tantes (qui ne sont pas des « chrétiens
évangéliques ») et qui ont de beaux mariages. Encore une fois, mon point
derrière ma maxime, c’est d’éviter les déceptions en ayant en amont la même
conception de la vie.
PS. Le vocabulaire utilisé dans cet article reflète volontairement et ironiquement la consolation de cruzer dans des
églises. Quand on cruze dans des bars on parle de .... draguer, cruzer, dating, love
game, fourrer une fille, one-night stand, la chasse, etc.,
dans les églises on parle d’engagement, de mariage, de vie commune,
« devenir une seule chair ». C’est intéressant de noter que
l’euphémisme utilisé dans la Bible pour les relations sexuelles sont « ils
se connurent ». Se connaitre... Il y a plus ici qu’un euphémisme, mais
toute un univers de la vie à deux.
[Juste pour être clair, j'utilise les mots églises et bars comme les symboles de deux visions du monde différentes... donc tu peux très certainement ne jamais avoir mis les pieds dans une église et "cruzer dans une église," comme tu peux avoir "cruzer dans une église véritablement" selon une vision du monde de bar].
[Juste pour être clair, j'utilise les mots églises et bars comme les symboles de deux visions du monde différentes... donc tu peux très certainement ne jamais avoir mis les pieds dans une église et "cruzer dans une église," comme tu peux avoir "cruzer dans une église véritablement" selon une vision du monde de bar].
Quelques nouvelles et requêtes
de prière
·
Cette semaine au séminaire nous
avions en conférence Nancy Writebol, la 2e américaine qui a été infectée par
l’Ébola (parce qu’elle était infirmière là-bas). Elle a survécu et elle et son
mari retourneront au Libéria en mars afin de servir les survivants de la
maladie qui vivent maintenant avec les stigmates sociaux associés. Assez
inspirant.
·
Pour ma discipline personnelle,
l’acuité intellectuelle et la passion. La charge de travail est vraiment
lourde. Je roule à fond, mais justement j’ai l’impression de « virer de
dessous. »
·
Pour la santé de ma soeur Laurie
qui se remet d’une opération aux hanches et pour mes parents qui en prennent
soin.
·
Que Dieu me façonne en grâce, en
amour et en vérité.
Merci beaucoup pour votre support
financier, moral et spirituel. Vous êtes des amis précieux et j’apprécie
tellement tout l’amour que je reçois. Même quand le temps est long à la biblio,
je sais que je ne suis jamais seul, parce que mes frères et mes sœurs du Québec
sont, d’une certaine façon, avec moi. Merci de tout cœur.
Marc-André Caron
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