dimanche 14 juin 2015

Du gaz, du sang et de l'eau à 200 km / h: une critique de Mad Max Fury Road (« Mad Max: La route du chaos » v.f. Québec)

[Je m’essaie dans la critique cinématographique aujourd’hui. Si vous n’avez pas vu Mad Max, vous risquez de vous gâcher des punchs si vous poursuivez votre lecture.]

George Miller (né en 1945)
Mad Max: Fury Road (2015) est un film post-apocalyptique ayant été écrit, réalisé et produit par l’Australien George Miller, connu pour la saga Mad Max, Babe 2 et Happy Feet. Mad Max: Furry Road, avec son budget de 150 millions, est complètement décoiffant au plan de la direction artistique, des séquences de plan et de l'exploitation d'un univers post-apocalypse super disjoncté / détaillé. Je vais m’attarder aux idées explorées par le film.




Synopsis de Mad Max: Fury Road
Suivant une guerre nucléaire, le planète est devenue un énorme désert, la civilisation s’est écroulée et les survivants sont divisés en gangs et en clans qui s’entredétruisent pour de l’eau et de l’essence.
L’antagoniste du film se nomme Immortan Joe, un roitelet / gourou vivant dans une forteresse rocheuse et ayant subjugué des centaines de personnes à son autorité de « rédempteur ». Il est adoré par sa population, étant le seul capable de les amener au Valhalla et de leur donner de l’eau. Il possède un harem, et ses fils, les War Boys (« Garçons de guerre »), vouent leur existence à accomplir les désirs de leur père, ne craignant pas même la mort.
Convoi d'Immortan Joe et de ses War Boys. Oui, c'est une guitare lance-flamme
La première scène nous montre Max (Tom Hardy), un ancien policier troublé par des remords et vivant en solitaire, avec son véhicule et un arrière-plan désertique. Max est fait prisonnier par les War Boys, puis il est identifié comme un donneur de sang universel.
L’intrigue du film est la suivante: l’impératrice Furiosa (Charlize Theron), une haut placée à l’intérieur du clan d’Immortan Joe, s’échappe avec un camion de guerre avec plusieurs femmes d’Immortan Joe. Il déchaîne ses War Boys afin qu’ils ramènent la traîtresse et ses femmes dans la citadelle. C’est là que commence une poursuite ininterrompue d’automobiles de guerres customisées pendant près de 120 minutes. Le rythme est rapide, le heavy metal ne démord jamais et la tension est constante.
La quête de sens, d’espoir et de rédemption dans un monde brisé
Le film commence en posant la question « qui a brisé le monde? » et puis Max, le narrateur, enchaîne en disant : « Je m’appelle Max. Mon monde est à feu et à sang. Autrefois, j’étais un policier. Un guerrier des routes cherchant une cause juste. Alors que le monde s’écroule, chacun de nous à notre façon sommes brisés. C’est difficile de dire qui est le plus fou... moi... ou tous les autres. »
Tous les personnages sont pris dans une course effrénée destructrice qui est une longue parabole à propos de l’existence humaine, du sens de la vie, de l’espoir et de la rédemption. Tout le monde se prend au jeu de leur folie commune en se vouant jusqu’à la mort pour honorer ce en quoi ils placent leur espoir. Le mot espoir agit comme étant le thème prépondérant de par la fréquence même du mot, et tous les personnages sont motivés par un espoir.  Mais il n’y a pas de définition précise offerte. Tous les personnages sont sincères, quoique certains soient sincèrement dupés.
Immortan Joe
Immortan Joe est perçu comme le père de la population de son clan: il est le rédempteur et celui qui peut conduire les plus valeureux jusqu’au Valhalla. Il symbolise l’égoïsme consommé d’un individu qui s’est séduit à penser qu’il était ce qu’il n’était visiblement pas, un sauveur, et il se donne la licence d’abuser des plus belles femmes et de thésauriser l’eau, le pétrole et toutes les richesses, en dépit de sa population mourante. 
Les War Boys et la population sont sous l’emprise d’Immortan Joe qu’ils perçoivent comme leur gourou et leur rédempteur. Ils vouent une adoration au V8 (pas le jus de légumes, mais le type de moteur), ce qui est perçu dans leur fascination pour la customisation des véhicules et leur désir de mourir sur la route du chaos en accomplissant des actes de bravoure. Silt, un War Boy haut placé, s’adresse à son moteur ainsi : « par mes actes je l’honore, V8 ». Avant de tenter des manœuvres mortelles, les War Boys s’aspergent la bouche de peinture chromée, un peu à la façon d’un extrême onction en prévision du Valhalla où « tu rouleras éternellement, scintillant et dans le chrome! » 
Nux (Nicholas Hoult) - Avec sa bouche chromée
Ils sont victimes d’un mensonge, néanmoins ils sont tous sincères dans leur espoir, même au travers de l’absurdité d’un monde toxique et misérable. Plusieurs choses pointent dans cette direction: dans l’une des premières scènes, les femmes détenues par Immortan Joe s’expriment « nous ne sommes pas des choses! » en protestant contre leur confinement. C’est très clair avec Nux, un jeune War Boy et l’un des personnages principaux, qui veut absolument faire partie du convoi qui rattrapera l’Impératrice Furiosa. « Si je meurs, je vais mourir historique sur la route du chaos! ». Peu après, avant de tenter une manœuvre quasi-suicidaire, il s’exprime « je vie, je meurs, JE VIE ENCORE ». Puis encore une fois il s’écrie : « TÉMOIGNE DE MOI, POCHE DE SANG! [WITNESS ME, BLOOD BAG!]. C’est un jeune homme complètement fanatique du V8 et d’Immortan Joe, bien représentatif à la fois de la quête de sens de toutes personnes mais aussi de la naïveté de la jeunesse de par sa capacité à se vouer jusqu’à la mort pour une cause. Assez rapidement dans le film, Nux change d’allégeance et aidera Max et Furiosa dans leur quête. Sachant la vie brève, il veut compenser en étant remémorer comme un héro, d'où son désir d'être "historique".
Max (Tom Hardy) et Furiosa (Charlize Theron)
L'impératrice Furiosa  lance l'intrigue du film en s'échappant de la citadelle suite à la réalisation qu'Immortan Joe trompe et abuse sa population. Elle a l’espoir de fuir pour rejoindre un coin vert qui serait localisée à 120 jours de route, et parce qu’elle souhaite sauver les femmes d’Immortan Joe de son emprise, un peu en réminiscence de son propre enlèvement lorsqu’elle n’était qu’une enfant.
Max, lui, est silencieux la plupart du temps. Il n’est pas motivé par l’espoir (un mot qu’il ne mentionne pas), mais par la justice, probablement pour se racheter de ne pas avoir pu défendre sa petite fille (dont l’image le hante constamment).
La quête de l’Impératrice Furiosa change à la moitié du film, à la suite d’une des premières répliques de dialogue de Max : « tu sais, l’espoir est une erreur. Si tu ne peux pas réparer ce qui est brisé, tu deviens fou. »  À partir de ce point, on ne parle plus d’espoir, mais de rédemption. Plus tard, alors que Max et Furiosa se mettent d’accord sur leur plan pour libérer la population de la citadelle d’Immortan Joe, Max dit : « au moins de cette façon nous serons capable.... ensemble... d’arriver à un genre de rédemption. »
En contraste, Immortan Joe prêche à sa population alors qu’il dissémine un peu d’eau du haut de sa forteresse : « Je suis votre rédempteur. C’est par ma main que vous serez élevés des cendres de ce monde. »



Max - la poche de sang sur une croix
Le sang, l’eau, le pétrole et le lait maternel (les vaches ne semblent plus exister) sont les ressources qui font rouler le monde de Mad Max avec une fascination religieuse. C’est l’eau qui donne à Immortan Joe son statut de rédempteur. Curieusement, c’est le sang de Max (il est donneur universel) qui lui permet d’être le vrai rédempteur du film. En partant à la poursuite de Furiosa, il est la poche de sang de Nux (qui a besoin de sang, puisque tout le monde est à peu près mourant) attaché sur une croix sur le capot de son auto (familier?). Puis à la fin du film, c’est aussi en transfusant de son propre sang qu’il sauve la vie à Furiosa. Ultimement, c’est précisément à cause de sa volonté de donner sa vie pour les autres afin de « faire quelque chose de juste » qu’il parvient à délivrer les captifs et à rendre la source d’eau vive accessible à tous. Mais être un sauveur c’est ingrat, et Max disparaît dans la foule alors que Furiosa est hissée au sommet de la forteresse, acclamée par le peuple qui jubile devant l’eau et la nourriture. 
Le rideau tombe sur cette scène et le film se conclut par cette citation :
« Où devons-nous aller, nous qui errons dans ce désert, à la recherche de nos meilleurs sois-mêmes. » 
- La Premier homme de l’histoire [Where must we go, we who wander this wasteland, in search of our better selves.                -The First History Man]
Cette question est la question que Mad Max: Furry Road pose et dont tous les personnages tentent de répondre le plus honnêtement possible. Le film semble conclure que la réponse que l’humanité doit poursuivre est dans les actes rédempteurs ce qui nécessite le don de soi. Même si Max et Furiosa sont des êtres brisés et blessés, ils parviennent à trouver un sens et une satisfaction en amenant la délivrance aux captifs, en punissant le mal et en rétablissant la justice. Tout cela est très coûteux, néanmoins c’est en en payant le prix que la rédemption est possible.
Conclusion et appréciation
Mad Max: Furry Road est réellement un film fascinant. Le rythme rapide de succession des plans, le heavy metal qui garde la tension constante, le soin des détails, l'utilisation efficace d'un personnage qui ne parle jamais mais dont tu as l'impression de connaitre et tellement d'autres. J’ai trouvé que les idées développées dans l’histoire étaient autant fascinantes que l’aspect art cinématographique, parce qu’ils viennent chercher des cordes sensibles chez l’être humain. Étant tous créés à l’image de Dieu et étant tous défigurés par le péché qui souille la création, nous soupirons avec un ardent désir d’être délivré de la futilité apparente du monde dans lequel on vit, qui par moment ne semble que se résumer à la souffrance et à la mort. Tout comme l’univers de Mad Max: Furry Road le présente, la vie des humains est une genre de course effrénée qui est assurément mortelle. Quelle en sera la fin? « Rouler en chrome » au Valhalla? Profiter d’un harem de femmes? Être honorés par les puissants de ce monde? Tout comme le film propose, il semble que l’existence humaine n’a de sens que lorsque justice est faite et que la rédemption s’accomplit par des actes de sacrifice de soi. Ceci pointe avec brio vers le trou en forme de Dieu, dirais-je même le trou en forme de croix, qui est dans le cœur de l’humain.
Pour tout cela et plus encore, je donne à Mad Max: Furry Road un 10/10.
« Où devons-nous aller, nous qui errons dans ce désert, à la recherche de nos meilleurs sois-mêmes. » 
Ce n’est pas tant une destination à laquelle il faut se rendre, mais une personne qu’il faut suivre. En étendant ses bras cloués à la croix, le Christ crucifié est la rédemption de l’humanité parce qu’il a porté sur lui-même le péché de tous ceux qui mettraient leur foi en lui pour la vie éternelle. Et il invite tous ceux qui mettront leur confiance à lui à l’imiter, et à étendre leurs bras vers les autres, et à porter leur croix afin d’être ses témoins autant en actes et qu’en paroles.
Convoi de War Boy

Quelques nouvelles et requêtes de prière
-J’ai transféré d’appartement cette semaine. Je suis désormais en collocation avec les amis que je me suis fait cette année. [Les standards d’hygiène sont beaucoup mieux aussi!!!]
-L’Hébreux va vraiment bien. Vraiment vraiment.
-Je suis allé voir les Rangers du Texas (Ligue majeur de baseball) ce samedi. Des amis ont reçus des billets gratuitement et m’ont invités! D’ailleurs, je suis aussi allé voir Mad Max gratuitement. Tsé quand je dis que je suis le séminariste le plus béni du monde!
-Requêtes : (1) concentration, discipline, acuité intellectuelle, (2) que je puisse grandir en grâce, en humilité et en service, (3) choix de mon stage au Québec été 2016 et (4) préparation de la prédication pour le CB 18+.
Je vous remercie beaucoup de votre soutient moral, spirituel et financier. Si vous avez des requêtes de prière aussi à me faire part, il me fait plaisir de prier pour vous. Vous n’avez qu’à m’écrire à < caron.marc.andre.bible@gmail.com >. Si vous voulez réagir personnellement à mes articles, vous êtes aussi les bienvenus d’utiliser cette même adresse.
Bonne semaine,
Marc-André Caron 

1 commentaire: