[Je
m’essaie dans la critique cinématographique aujourd’hui. Si vous n’avez pas vu
Mad Max, vous risquez de vous gâcher des punchs si vous poursuivez votre
lecture.]
George Miller (né en 1945) |
Mad Max:
Fury Road (2015) est un film post-apocalyptique ayant été écrit, réalisé et
produit par l’Australien George Miller, connu pour la saga Mad Max, Babe 2 et
Happy Feet. Mad Max: Furry Road, avec son budget de 150 millions, est
complètement décoiffant au plan de la direction artistique, des séquences de
plan et de l'exploitation d'un univers post-apocalypse super disjoncté / détaillé. Je vais
m’attarder aux idées explorées par le film.
Synopsis de Mad Max: Fury Road
Suivant une
guerre nucléaire, le planète est devenue un énorme désert, la civilisation
s’est écroulée et les survivants sont divisés en gangs et en clans qui
s’entredétruisent pour de l’eau et de l’essence.
L’antagoniste
du film se nomme Immortan Joe, un roitelet / gourou vivant dans une forteresse
rocheuse et ayant subjugué des centaines de personnes à son autorité de « rédempteur ».
Il est adoré par sa population, étant le seul capable de les amener au Valhalla
et de leur donner de l’eau. Il possède un harem, et ses fils, les War Boys
(« Garçons de guerre »), vouent leur existence à accomplir les désirs
de leur père, ne craignant pas même la mort.
Convoi d'Immortan Joe et de ses War Boys. Oui, c'est une guitare lance-flamme |
La première
scène nous montre Max (Tom Hardy), un ancien policier troublé par des
remords et vivant en solitaire, avec son véhicule et un arrière-plan
désertique. Max est fait prisonnier par les War Boys, puis il est identifié
comme un donneur de sang universel.
L’intrigue du
film est la suivante: l’impératrice Furiosa (Charlize Theron), une haut placée
à l’intérieur du clan d’Immortan Joe, s’échappe avec un camion de guerre avec
plusieurs femmes d’Immortan Joe. Il déchaîne ses War Boys afin qu’ils ramènent
la traîtresse et ses femmes dans la citadelle. C’est là que commence une poursuite
ininterrompue d’automobiles de guerres customisées pendant près de 120 minutes. Le
rythme est rapide, le heavy metal ne démord jamais et la tension est
constante.
La quête
de sens, d’espoir et de rédemption dans un monde brisé
Le film
commence en posant la question « qui a brisé le monde? » et
puis Max, le narrateur, enchaîne en disant : « Je m’appelle Max.
Mon monde est à feu et à sang. Autrefois, j’étais un policier. Un guerrier des
routes cherchant une cause juste. Alors que le monde s’écroule, chacun de nous
à notre façon sommes brisés. C’est difficile de dire qui est le plus fou...
moi... ou tous les autres. »
Tous les
personnages sont pris dans une course effrénée destructrice qui est une longue
parabole à propos de l’existence humaine, du sens de la vie, de l’espoir et de
la rédemption. Tout le monde se prend au jeu de leur folie commune en se vouant
jusqu’à la mort pour honorer ce en quoi ils placent leur espoir. Le mot espoir agit comme étant le thème prépondérant de par la fréquence même du mot, et tous les personnages sont motivés par un espoir. Mais il n’y a pas de définition précise
offerte. Tous les personnages sont sincères, quoique certains soient
sincèrement dupés.
Immortan Joe |
Immortan Joe
est perçu comme le père de la population de son clan: il est le rédempteur et
celui qui peut conduire les plus valeureux jusqu’au Valhalla. Il symbolise
l’égoïsme consommé d’un individu qui s’est séduit à penser qu’il était ce qu’il
n’était visiblement pas, un sauveur, et il se donne la licence d’abuser des
plus belles femmes et de thésauriser l’eau, le pétrole et toutes les richesses,
en dépit de sa population mourante.
Les War Boys
et la population sont sous l’emprise d’Immortan Joe qu’ils perçoivent comme
leur gourou et leur rédempteur. Ils vouent une adoration au V8 (pas le jus de légumes,
mais le type de moteur), ce qui est perçu dans leur fascination pour la
customisation des véhicules et leur désir de mourir sur la route du chaos en
accomplissant des actes de bravoure. Silt, un War Boy haut placé, s’adresse à
son moteur ainsi : « par mes actes je l’honore, V8 ». Avant de
tenter des manœuvres mortelles, les War Boys s’aspergent la bouche de peinture
chromée, un peu à la façon d’un extrême onction en prévision du Valhalla où
« tu rouleras éternellement, scintillant et dans le chrome! »
Nux (Nicholas Hoult) - Avec sa bouche chromée |
Ils sont
victimes d’un mensonge, néanmoins ils sont tous sincères dans leur espoir, même
au travers de l’absurdité d’un monde toxique et misérable. Plusieurs choses
pointent dans cette direction: dans l’une des premières scènes, les femmes
détenues par Immortan Joe s’expriment « nous ne sommes pas des choses! »
en protestant contre leur confinement. C’est très clair avec Nux, un jeune War
Boy et l’un des personnages principaux, qui veut absolument faire partie du convoi
qui rattrapera l’Impératrice Furiosa. « Si je meurs, je vais mourir historique
sur la route du chaos! ». Peu après, avant de tenter une manœuvre
quasi-suicidaire, il s’exprime « je vie, je meurs, JE VIE ENCORE ».
Puis encore une fois il s’écrie : « TÉMOIGNE DE MOI, POCHE DE SANG!
[WITNESS ME, BLOOD BAG!]. C’est un
jeune homme complètement fanatique du V8 et d’Immortan Joe, bien représentatif
à la fois de la quête de sens de toutes personnes mais aussi de la naïveté de
la jeunesse de par sa capacité à se vouer jusqu’à la mort pour une cause. Assez
rapidement dans le film, Nux change d’allégeance et aidera Max et Furiosa dans
leur quête. Sachant la vie brève, il veut compenser en étant remémorer comme un
héro, d'où son désir d'être "historique".
Max (Tom Hardy) et Furiosa (Charlize Theron) |
L'impératrice
Furiosa lance l'intrigue du film en s'échappant de la citadelle suite à la réalisation qu'Immortan Joe trompe et abuse sa population. Elle
a l’espoir de fuir pour rejoindre un coin vert qui serait localisée à 120 jours de route,
et parce qu’elle souhaite sauver les femmes d’Immortan Joe de son emprise, un
peu en réminiscence de son propre enlèvement lorsqu’elle n’était qu’une enfant.
Max, lui, est
silencieux la plupart du temps. Il n’est pas motivé par l’espoir (un mot
qu’il ne mentionne pas), mais par la justice, probablement pour se racheter de
ne pas avoir pu défendre sa petite fille (dont l’image le hante constamment).
La quête de l’Impératrice
Furiosa change à la moitié du film, à la suite d’une des premières répliques de dialogue de Max : « tu sais, l’espoir est une erreur. Si tu ne peux pas
réparer ce qui est brisé, tu deviens fou. » À partir de ce point, on ne parle plus
d’espoir, mais de rédemption. Plus tard, alors que Max et Furiosa se mettent
d’accord sur leur plan pour libérer la population de la citadelle d’Immortan
Joe, Max dit : « au moins de cette façon nous serons
capable.... ensemble... d’arriver à un genre de rédemption. »
En contraste,
Immortan Joe prêche à sa population alors qu’il dissémine un peu d’eau du haut
de sa forteresse : « Je suis votre rédempteur. C’est par ma main
que vous serez élevés des cendres de ce monde. »
Max - la poche de sang sur une croix |
Le sang,
l’eau, le pétrole et le lait maternel (les vaches ne semblent plus exister)
sont les ressources qui font rouler le monde de Mad Max avec une fascination
religieuse. C’est l’eau qui donne à Immortan Joe son statut de rédempteur.
Curieusement, c’est le sang de Max (il est donneur universel) qui lui permet
d’être le vrai rédempteur du film. En partant à la poursuite de Furiosa, il est
la poche de sang de Nux (qui a besoin de sang, puisque tout le monde est à peu
près mourant) attaché sur une croix sur le capot de son auto (familier?). Puis
à la fin du film, c’est aussi en transfusant de son propre sang qu’il sauve la
vie à Furiosa. Ultimement, c’est précisément à cause de sa volonté de donner sa
vie pour les autres afin de « faire quelque chose de juste »
qu’il parvient à délivrer les captifs et à rendre la source d’eau vive
accessible à tous. Mais être un sauveur c’est ingrat, et Max disparaît dans la
foule alors que Furiosa est hissée au sommet de la forteresse, acclamée par le
peuple qui jubile devant l’eau et la nourriture.
Le rideau
tombe sur cette scène et le film se conclut par cette citation :
« Où devons-nous aller,
nous qui errons dans ce désert, à la recherche de nos meilleurs sois-mêmes. »
- La Premier homme de l’histoire [Where must we go, we who
wander this wasteland, in search of our better selves. -The First
History Man]
Cette
question est la question que Mad Max: Furry Road pose et dont tous les
personnages tentent de répondre le plus honnêtement possible. Le film semble
conclure que la réponse que l’humanité doit poursuivre est dans les actes
rédempteurs ce qui nécessite le don de soi. Même si Max et Furiosa sont des
êtres brisés et blessés, ils parviennent à trouver un sens et une satisfaction
en amenant la délivrance aux captifs, en punissant le mal et en rétablissant la
justice. Tout cela est très coûteux, néanmoins c’est en en payant le prix que
la rédemption est possible.
Conclusion et appréciation
Mad Max:
Furry Road est réellement un film fascinant. Le rythme rapide de succession des plans, le heavy metal qui garde la tension constante, le soin des détails, l'utilisation efficace d'un personnage qui ne parle jamais mais dont tu as l'impression de connaitre et tellement d'autres. J’ai trouvé
que les idées développées dans l’histoire étaient autant fascinantes que l’aspect
art cinématographique, parce qu’ils viennent chercher des cordes sensibles chez
l’être humain. Étant tous créés à l’image de Dieu et étant tous défigurés par
le péché qui souille la création, nous soupirons avec un ardent désir d’être
délivré de la futilité apparente du monde dans lequel on vit, qui par moment ne
semble que se résumer à la souffrance et à la mort. Tout comme l’univers de Mad
Max: Furry Road le présente, la vie des humains est une genre de course effrénée
qui est assurément mortelle. Quelle en sera la fin? « Rouler en chrome »
au Valhalla? Profiter d’un harem de femmes? Être honorés par les puissants de
ce monde? Tout comme le film propose, il semble que l’existence humaine n’a de
sens que lorsque justice est faite et que la rédemption s’accomplit par des
actes de sacrifice de soi. Ceci pointe avec brio vers le trou en forme de Dieu,
dirais-je même le trou en forme de croix, qui est dans le cœur de l’humain.
Pour tout cela et plus encore, je donne à Mad Max: Furry Road un 10/10.
« Où
devons-nous aller, nous qui errons dans ce désert, à la recherche de nos
meilleurs sois-mêmes. »
Ce n’est pas
tant une destination à laquelle il faut se rendre, mais une personne qu’il faut
suivre. En étendant ses bras cloués à la croix, le Christ crucifié est la
rédemption de l’humanité parce qu’il a porté sur lui-même le péché de tous ceux
qui mettraient leur foi en lui pour la vie éternelle. Et il invite tous ceux
qui mettront leur confiance à lui à l’imiter, et à étendre leurs bras vers les
autres, et à porter leur croix afin d’être ses témoins autant en actes et qu’en
paroles.
Convoi de War Boy |
Quelques
nouvelles et requêtes de prière
-J’ai
transféré d’appartement cette semaine. Je suis désormais en collocation avec
les amis que je me suis fait cette année. [Les
standards d’hygiène sont beaucoup mieux aussi!!!]
-L’Hébreux va
vraiment bien. Vraiment vraiment.
-Je suis allé
voir les Rangers du Texas (Ligue majeur de baseball) ce samedi. Des amis ont
reçus des billets gratuitement et m’ont invités! D’ailleurs, je suis aussi allé
voir Mad Max gratuitement. Tsé quand je dis que je suis le séminariste le plus
béni du monde!
-Requêtes :
(1) concentration, discipline, acuité intellectuelle, (2) que je puisse grandir
en grâce, en humilité et en service, (3) choix de mon stage au Québec été 2016
et (4) préparation de la prédication pour le CB 18+.
Je vous
remercie beaucoup de votre soutient moral, spirituel et financier. Si vous avez
des requêtes de prière aussi à me faire part, il me fait plaisir de prier pour
vous. Vous n’avez qu’à m’écrire à < caron.marc.andre.bible@gmail.com >.
Si vous voulez réagir personnellement à mes articles, vous êtes aussi les
bienvenus d’utiliser cette même adresse.
Bonne
semaine,
Marc-André Caron
Entierement d'accord ! A voir, revoir et re-revoir
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