dimanche 28 juin 2015

Jésus et la communauté gai: l’amour vrai et le séparatisme haineux


Ce vendredi, la Cour suprême des ÉU a légalisé à l’échelle nationale le mariage homosexuel. Je ne souhaite pas commenter sur la décision de la Cour suprême, mais commenter sur la réaction de certains chrétiens qui se permettent des remarques haineuses. Puis, je veux encourager les chrétiens à agir envers la communauté gai de la même façon que Jésus le ferait. En écrivant ceci, je présuppose une vision chrétienne traditionnelle de l’éthique sexuelle (i.e. que la pratique d’un style de vie homosexuel est une corruption du don de la sexualité, un péché). [Si vous n’êtes pas particulièrement intéressé par mon traitement du texte biblique, vous pouvez sauter au 2e sous-titre.]
Encourager à agir comme le ferait Jésus envers la communauté gai
Pour faire mon point, j’expliquerai à qui Jésus s’intéressait et comment il agissait avec eux.
Au 1er siècle en Palestine, tous les Juifs attendaient le Messie, mais différents groupes l’attendaient de différentes façons.
D’abord il y a les pharisiens. Les pharisiens étaient un groupe politico-religieux. Leur nom signifie « les séparés ». Ils attendaient le Messie en se gardant pur et en refusant de communier (de manger à la même table!) avec les pécheurs de toutes sortes.
Les esséniens, eux, croyaient que toute la société étaient corrompue, alors ils se sont isolées dans des communautés fermées dans le désert en attendant le Messie.
Ceux qui croyaient être prêts à recevoir le Messie ne l’ont pas reçus, et Jésus n’est pas aller vers ceux qui se croyaient purs, mais vers les marges, les exclus et les immoraux. Ceux qui étaient supposés l’attendre (les pharisiens) vont finalement le faire crucifier.
Entre Luc 4:31-8:56, Jésus fait ses premiers disciples. Dans 4.31-37, Jésus fait son premier miracle : il chasse un démon. Dans 4.38-39, Jésus guérit une malade, la belle-mère de Simon. Les juifs percevaient certaines maladies comme étant le jugement de Dieu. Entre 4.40-44, Jésus s’exténue à guérir d’autres malades et à chasser d’autres démons. Entre 5.1-11, Jésus prend son cercle intime parmi des pêcheurs galiléens. Entre 5.12-15, un lépreux (une maladie de la peau qui te condamne à être en marge de la société; style un gars qui a le SIDA dans les années 1980) s’approche de Jésus, tombe à ses pieds et se met à le prier. Jésus « étendit la main, le toucha » puis il le guérit. Entre 5.17-26, Jésus guérit un paralytique.
Puis entre 5.27-32, Jésus se fait l’ami d’un collecteur de taxes. Ceux-ci étaient perçus comme des traitres nationaux, étant même exclus des synagogues. La crème des crapules. Qu’à cela ne tienne :
Luc 5.27-28 : Après cela, Jésus sortit, et il vit un collecteur de taxes, nommé Lévi, assis au bureau de collecte. Il lui dit: Suis-moi. Et, laissant tout, il se leva, et le suivit.
La personne à laquelle Jésus s’intéresse est un exclu, possiblement quelqu’un qui aimait davantage l’argent que la religion de son peuple. Que Jésus choisisse Lévi n’est pas un accident: il sélectionne consciemment un indésirable afin de défier les idées reçues à propos de qui peut recevoir la miséricorde de Dieu.
Luc 5.29-30 : Lévi lui donna un grand festin dans sa maison, et beaucoup de collecteurs de taxes et d'autres personnes étaient à table avec eux. Les pharisiens et les scribes grommelèrent, et dirent à ses disciples: Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs de taxes et des pécheurs?
Deux choses : (1) ce que Jésus fait ici est risqué. Il risque son autorité de leader spirituel en s’assoyant à table avec des impurs. (2) La question des pharisiens/scribes sous-entend que le peuple de Dieu est une bulle hermétique qui ne doit accepter que ceux qui sont assez purs.
Le point du passage concerne la portée de la mission de Jésus et ce que doivent être les préoccupations des disciples. Si Jésus a cherché à sauver ce qui était perdu (Luc 19.10) en s’associant avec les exclus de sa société, à combien plus forte cela devrait-il être le cas avec ses disciples?
Luc 5.31-32 : Jésus, prenant la parole, leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs. [litt. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance]
Jésus est concerné par les pécheurs, et non par les justes (et la désignation de « juste » est ironique, parce que n’est point juste celui qui croit l’être). L’objet de la mission c’est la repentance. Observons 2 choses : (1) ce que Jésus fait : il s’associe aux pécheurs, mange avec eux et étend l’amour de Dieu. Ça lui vaudra en Luc 7.34 l’accusation par les pharisiens d’être « l’ami des collecteurs de taxes et des pécheurs. »  (2) Ce que Jésus ne fait pas : (a) un commentaire facebook haineux, (b) répandre des stéréotypes, (c) penser que le monde s’écroule, (d) dire des insultes, (e) refuser de s’associer et de s’en faire des amis, (e) organiser un mouvement politique de persécution des minorités.
Quel est le parallèle entre ces exemples du 1er siècle et la communauté gai?
Je veux que ce sois clair que je ne fais pas la comparaison entre la lèpre (ou tous autres exemples dans ces passages) et la communauté gai. D'autre part, c'est le christianisme qui est la marge aujourd'hui, et non la communauté gai.
Tout comme Jésus allait agressivement à la recherche des exclus/ indésirables/ parias/ immoraux et s’associait aux franges marginales de la société juive: les possédés, les malades, les collecteurs de taxes, les pécheurs, les pêcheurs, les paralytiques et les femmes (un scandale pour un Juif du 1er siècle), ainsi suivre Jésus au 21ième siècle c’est le suivre dans son amour, l'amour qu'il avait envers les pécheurs de son époque. Et le parallèle est que si les chrétiens croient que la communauté gai est caractérisé par un style de vie immoral, alors suivre Jésus c’est d’aimer la communauté gai, puisque c'est ce qu'ils faisaient avec les gens qu'il appelait à la repentance.
Jésus n’était pas intéressé à crier à distance dans son tuxedo blanc immaculé. Quand certains disent « Eurk les gais vont se marier : c’est la fin du monde », ils sont les pharisiens que Jésus oppose fortement et qu’il dénomme « sépulcres blanchis » parce qu’ils se plaisent à pointer le péché des autres tout en ignorant les leurs.  
La mission de Jésus n’est pas accomplie par le séparatisme. Jésus n’attend pas que les pécheurs se purifient et deviennent dignes de lui: il va lui-même à leur rencontre. Il les accepte en tant que personne, puis il les met au défi de rencontrer le Dieu qui guérit les blessures et qui ramène à la santé. « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance ».   
Certains pourraient critiquer l’intégrité de Jésus. Ce que Jésus démontre, c’est l’étendue de la compassion de Dieu et la profondeur de sa grâce. En acceptant les personnes et en « étendant la main vers eux, » ces personnes peuvent commencer à s’ouvrir à Dieu et à être challengé par celui-ci. Il faut une porte ouverte pour créer un cœur ouvert.[1]
Et ses disciples ne devraient pas faire pareil?
Voici ma suggestion: (1) refusez d’agir en pharisien : les jugements haineux, les prophéties à 5 cennes (« le SIDA est votre malédiction! »), les stéréotypes ignorants (« tous les gais sont des pédos ») et le séparatisme (« je me tiens loin de ce genre de monde! »).
(2) Marchons dans les pas de Jésus. Ça signifie s’associer avec ceux avec lesquels nous sommes en désaccords et s’en faire des amis. S’intéresser à eux. Être vrai. Ne pas les réduire à une étiquette comme « lui c’est un ... ». Les aimer pour vrai. Inviter son voisin à souper. Les faire sentir davantage aimé qu’ils ne l’ont jamais été ailleurs. Être là pour eux quand ils ont des difficultés. Tsé, tout comme Jésus a été « l’ami des collecteurs de taxes et des pécheurs. » Si il y a un changement chez n’importe quel pécheur (desquels les chrétiens sont les premiers), ce ne sera pas causé par des remarques caustiques, mais par la puissance du Saint-Esprit.
Jésus a ouvert ses bras bien grands sur la croix pour offrir une accolade à tous ceux qui se tourneraient vers lui. En demandant aux chrétiens de porter leur croix, Jésus leur demande aussi d’ouvrir les bras et d’étendre son amour à tous, et dans notre cas d’aujourd’hui, la communauté gai. Le péché des pharisiens était l’exclusion des marges et la dureté de leur cœur, et l’un des péchés de l’Église occidentale est la persécution des minorités sexuelles divergentes et sa bigoterie pharisienne envers celles-ci.
Ça me rappelle une fille (nommons-là Jeanne) qui venait au groupe jeunesse depuis 1 an et demi. Jeanne avait eu une enfance rough et cherchait beaucoup d’attention: bisexuelle, tatous, perçages, comportement et discours hyper-sexualisé. Durant un certain été, Jeanne nous demande à un collègue et moi ce que la Bible dit sur le sujet de l’homosexualité. On lui donne le message. Quelques mois plus tard lors d’un party de Noël je lui demande : « Je suis curieux Jeanne, même si tu sais ce que nous croyons sur ton mode de vie, comment ça se fait que tu continues de venir au groupe jeunesse? » Et Jeanne de répondre : « même si je sais que vous n’êtes pas d’accord avec ça, je n’ai jamais été autant accepté ici que nulle part ailleurs. »
Si vous voulez communiquer avec moi, je vous invite à le faire à <caron.marc.andre.bible@gmail.com>.
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Compelling Love & Sexual Identity : Connecting Beyond Tolerance. Si vous comprenez l’anglais, voici un film fort intéressant (et touchant) qui s’interroge sur la coexistence de différences opinions sur l’éthique sexuelle. En d’autres mots, comment peut-on s’asseoir à la même table et communiquer avec quelqu’un avec qui nous sommes en désaccord des croyances de base?

Quelques nouvelles et requêtes de prière :
-Jessica Gravel, de passage dans le Sud des ÉU, est venue me visiter samedi soir au séminaire. C’était plaisant de voir une bonne amie !
-L’hébreux va bien. Vendredi prochain j’ai mon examen final pour mon premier cours. Ensuite durant le mois de juillet je fais mon 2e cours d’hébreux.
-La préparation de mes messages pour le camp 18+ chemine bien. En fait, le matériel que je développe ici est en partie le fruit de mon exégèse faite en préparation de cette fin de semaine.
-Requêtes de prière: (1) humilité, grâce et service, (2) CB 18+ (préparation et pour les gens qui y seront), (3) choix d’un stage à l’été 2016 au Québec (4) discipline, acuité intellectuelle et concentration (j’ai eu de la misère cette semaine).
Merci de m’avoir lu et de votre support moral, financier et devant le trône du Père. Je vous souhaite une bonne semaine.
Marc-André Caron




[1] Darrell Bock, Luke 1:1-9:50 (Grand Rapids, MI : Baker, ECNT, 1994), 500.

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