Ce vendredi,
la Cour suprême des ÉU a légalisé à l’échelle nationale le mariage homosexuel.
Je ne souhaite pas commenter sur la décision de la Cour suprême, mais commenter
sur la réaction de certains chrétiens qui se permettent des remarques
haineuses. Puis, je veux encourager les chrétiens à agir envers la communauté
gai de la même façon que Jésus le ferait. En écrivant ceci, je présuppose une
vision chrétienne traditionnelle de l’éthique sexuelle (i.e. que la pratique
d’un style de vie homosexuel est une corruption du don de la sexualité, un
péché). [Si vous n’êtes pas particulièrement intéressé
par mon traitement du texte biblique, vous pouvez sauter au 2e sous-titre.]
Encourager
à agir comme le ferait Jésus envers la communauté gai
Pour faire
mon point, j’expliquerai à qui Jésus s’intéressait et comment il agissait avec
eux.
Au 1er siècle
en Palestine, tous les Juifs attendaient le Messie, mais différents groupes
l’attendaient de différentes façons.
D’abord il y
a les pharisiens. Les pharisiens étaient un groupe politico-religieux. Leur nom
signifie « les séparés ». Ils attendaient le Messie en se gardant pur
et en refusant de communier (de manger à la même table!) avec les pécheurs de
toutes sortes.
Les esséniens,
eux, croyaient que toute la société étaient corrompue, alors ils se sont isolées
dans des communautés fermées dans le désert en attendant le Messie.
Ceux qui
croyaient être prêts à recevoir le Messie ne l’ont pas reçus, et Jésus n’est
pas aller vers ceux qui se croyaient purs, mais vers les marges, les exclus et
les immoraux. Ceux qui étaient supposés l’attendre (les pharisiens) vont
finalement le faire crucifier.
Entre Luc
4:31-8:56, Jésus fait ses premiers disciples. Dans 4.31-37, Jésus fait son
premier miracle : il chasse un démon. Dans 4.38-39, Jésus guérit une
malade, la belle-mère de Simon. Les juifs percevaient certaines maladies comme
étant le jugement de Dieu. Entre 4.40-44, Jésus s’exténue à guérir d’autres
malades et à chasser d’autres démons. Entre 5.1-11, Jésus prend son cercle
intime parmi des pêcheurs galiléens. Entre 5.12-15, un lépreux (une maladie de
la peau qui te condamne à être en marge de la société; style un gars qui a le
SIDA dans les années 1980) s’approche de Jésus, tombe à ses pieds et se met à
le prier. Jésus « étendit la main, le toucha » puis il le
guérit. Entre 5.17-26, Jésus guérit un paralytique.
Puis entre
5.27-32, Jésus se fait l’ami d’un collecteur de taxes. Ceux-ci étaient perçus
comme des traitres nationaux, étant même exclus des synagogues. La crème des
crapules. Qu’à cela ne tienne :
Luc 5.27-28 : Après cela,
Jésus sortit, et il vit un collecteur de taxes, nommé Lévi, assis au bureau de
collecte. Il lui dit: Suis-moi. Et, laissant tout, il se leva, et le suivit.
La personne à
laquelle Jésus s’intéresse est un exclu, possiblement quelqu’un qui aimait
davantage l’argent que la religion de son peuple. Que Jésus choisisse Lévi
n’est pas un accident: il sélectionne consciemment un indésirable afin de
défier les idées reçues à propos de qui peut recevoir la miséricorde de Dieu.
Luc 5.29-30 : Lévi lui donna un grand festin
dans sa maison, et beaucoup de collecteurs de taxes et d'autres personnes
étaient à table avec eux. Les pharisiens et les scribes grommelèrent, et dirent à ses
disciples: Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs de taxes et des
pécheurs?
Deux
choses : (1) ce que Jésus fait ici est risqué. Il risque son autorité de
leader spirituel en s’assoyant à table avec des impurs. (2) La question des
pharisiens/scribes sous-entend que le peuple de Dieu est une bulle hermétique
qui ne doit accepter que ceux qui sont assez purs.
Le point du
passage concerne la portée de la mission de Jésus et ce que doivent être les
préoccupations des disciples. Si Jésus a cherché à sauver ce qui était perdu
(Luc 19.10) en s’associant avec les exclus de sa société, à combien plus forte
cela devrait-il être le cas avec ses disciples?
Luc 5.31-32 : Jésus, prenant la parole, leur
dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais
les malades. Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes,
mais des pécheurs. [litt. Je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs à la repentance]
Jésus est concerné par les pécheurs, et non par les
justes (et la désignation de « juste » est ironique, parce que n’est
point juste celui qui croit l’être). L’objet de la mission c’est la repentance.
Observons 2 choses : (1) ce que Jésus fait : il s’associe aux
pécheurs, mange avec eux et étend l’amour de Dieu. Ça lui vaudra en Luc 7.34
l’accusation par les pharisiens d’être « l’ami des collecteurs de taxes
et des pécheurs. » (2) Ce que
Jésus ne fait pas : (a) un commentaire facebook haineux, (b) répandre des
stéréotypes, (c) penser que le monde s’écroule, (d) dire des insultes, (e)
refuser de s’associer et de s’en faire des amis, (e) organiser un mouvement
politique de persécution des minorités.
Quel
est le parallèle entre ces exemples du 1er siècle et la communauté
gai?
Je veux que
ce sois clair que je ne fais pas la comparaison entre la lèpre (ou tous autres
exemples dans ces passages) et la communauté gai. D'autre part, c'est le christianisme qui est la marge aujourd'hui, et non la communauté gai.
Tout comme Jésus allait agressivement à la recherche des exclus/ indésirables/ parias/ immoraux et s’associait aux franges marginales de la société juive: les possédés, les malades, les collecteurs de taxes, les pécheurs, les pêcheurs, les paralytiques et les femmes (un scandale pour un Juif du 1er siècle), ainsi suivre Jésus au 21ième siècle c’est le suivre dans son amour, l'amour qu'il avait envers les pécheurs de son époque. Et le parallèle est que si les chrétiens croient que la communauté gai est caractérisé par un style de vie immoral, alors suivre Jésus c’est d’aimer la communauté gai, puisque c'est ce qu'ils faisaient avec les gens qu'il appelait à la repentance.
Tout comme Jésus allait agressivement à la recherche des exclus/ indésirables/ parias/ immoraux et s’associait aux franges marginales de la société juive: les possédés, les malades, les collecteurs de taxes, les pécheurs, les pêcheurs, les paralytiques et les femmes (un scandale pour un Juif du 1er siècle), ainsi suivre Jésus au 21ième siècle c’est le suivre dans son amour, l'amour qu'il avait envers les pécheurs de son époque. Et le parallèle est que si les chrétiens croient que la communauté gai est caractérisé par un style de vie immoral, alors suivre Jésus c’est d’aimer la communauté gai, puisque c'est ce qu'ils faisaient avec les gens qu'il appelait à la repentance.
Jésus n’était pas intéressé à crier à distance dans son tuxedo
blanc immaculé. Quand certains disent « Eurk les gais vont se
marier : c’est la fin du monde », ils sont les pharisiens que
Jésus oppose fortement et qu’il dénomme « sépulcres blanchis »
parce qu’ils se plaisent à pointer le péché des autres tout en ignorant les
leurs.
La mission de
Jésus n’est pas accomplie par le séparatisme. Jésus n’attend pas que les
pécheurs se purifient et deviennent dignes de lui: il va lui-même à leur
rencontre. Il les accepte en tant que personne, puis il les met au défi de
rencontrer le Dieu qui guérit les blessures et qui ramène à la santé. « Je
ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance ».
Certains
pourraient critiquer l’intégrité de Jésus. Ce que Jésus démontre, c’est
l’étendue de la compassion de Dieu et la profondeur de sa grâce. En acceptant
les personnes et en « étendant la main vers eux, » ces personnes
peuvent commencer à s’ouvrir à Dieu et à être challengé par celui-ci. Il faut
une porte ouverte pour créer un cœur ouvert.[1]
Et ses
disciples ne devraient pas faire pareil?
Voici ma
suggestion: (1) refusez d’agir en pharisien : les jugements haineux, les
prophéties à 5 cennes (« le SIDA est votre malédiction! »), les
stéréotypes ignorants (« tous les gais sont des pédos ») et le
séparatisme (« je me tiens loin de ce genre de monde! »).
(2) Marchons
dans les pas de Jésus. Ça signifie s’associer avec ceux avec lesquels nous
sommes en désaccords et s’en faire des amis. S’intéresser à eux. Être vrai. Ne
pas les réduire à une étiquette comme « lui c’est un ... ». Les aimer
pour vrai. Inviter son voisin à souper. Les faire sentir davantage aimé qu’ils
ne l’ont jamais été ailleurs. Être là pour eux quand ils ont des difficultés.
Tsé, tout comme Jésus a été « l’ami des collecteurs de taxes et des
pécheurs. » Si il y a un changement chez n’importe quel pécheur
(desquels les chrétiens sont les premiers), ce ne sera pas causé par des
remarques caustiques, mais par la puissance du Saint-Esprit.
Jésus a ouvert
ses bras bien grands sur la croix pour offrir une accolade à tous ceux qui se
tourneraient vers lui. En demandant aux chrétiens de porter leur croix, Jésus
leur demande aussi d’ouvrir les bras et d’étendre son amour à tous, et dans
notre cas d’aujourd’hui, la communauté gai. Le péché des pharisiens était
l’exclusion des marges et la dureté de leur cœur, et l’un des péchés de
l’Église occidentale est la persécution des minorités sexuelles divergentes et
sa bigoterie pharisienne envers celles-ci.
Ça me
rappelle une fille (nommons-là Jeanne) qui venait au groupe jeunesse depuis 1
an et demi. Jeanne avait eu une enfance rough et cherchait beaucoup
d’attention: bisexuelle, tatous, perçages, comportement et discours
hyper-sexualisé. Durant un certain été, Jeanne nous demande à un collègue et
moi ce que la Bible dit sur le sujet de l’homosexualité. On lui donne le
message. Quelques mois plus tard lors d’un party de Noël je lui demande :
« Je suis curieux Jeanne, même si tu sais ce que nous croyons sur ton
mode de vie, comment ça se fait que tu continues de venir au groupe jeunesse? »
Et Jeanne de répondre : « même si je sais que vous n’êtes pas d’accord
avec ça, je n’ai jamais été autant accepté ici que nulle part ailleurs. »
Si vous
voulez communiquer avec moi, je vous invite à le faire à
<caron.marc.andre.bible@gmail.com>.
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Compelling Love & Sexual
Identity : Connecting Beyond Tolerance. Si vous comprenez l’anglais, voici un
film fort intéressant (et touchant) qui s’interroge sur la coexistence de
différences opinions sur l’éthique sexuelle. En d’autres mots, comment peut-on
s’asseoir à la même table et communiquer avec quelqu’un avec qui nous sommes en
désaccord des croyances de base?
Quelques
nouvelles et requêtes de prière :
-Jessica
Gravel, de passage dans le Sud des ÉU, est venue me visiter samedi soir au
séminaire. C’était plaisant de voir une bonne amie !
-L’hébreux va
bien. Vendredi prochain j’ai mon examen final pour mon premier cours. Ensuite
durant le mois de juillet je fais mon 2e cours d’hébreux.
-La
préparation de mes messages pour le camp 18+ chemine bien. En fait, le matériel
que je développe ici est en partie le fruit de mon exégèse faite en préparation
de cette fin de semaine.
-Requêtes de
prière: (1) humilité, grâce et service, (2) CB 18+ (préparation et pour les
gens qui y seront), (3) choix d’un stage à l’été 2016 au Québec (4) discipline,
acuité intellectuelle et concentration (j’ai eu de la misère cette semaine).
Merci de
m’avoir lu et de votre support moral, financier et devant le trône du Père. Je
vous souhaite une bonne semaine.
Marc-André
Caron
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