Cette histoire est d’une banalité incroyable, mais
elle démontre que le péché (un synonyme pas tout à fait exact pourrait être « égoïsme ») est une chose réelle.
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La semaine passée, après la réunion du dimanche matin
à City Church International, je retourne en marchant vers mon appartement comme
à l’habitude. Je passe comme devant la même gagne de sans-abris.
Je m’arrête pour jaser quelques minutes avec eux, parce que ce serait assez
incohérent de prier Dieu à l’église et de le mépriser en levant le nez sur des
SDF.
On jase de pleins de choses. Alors que je m’apprête à
quitter, Paul me dit « pourrais-tu ramener du ragoût de bœuf en
conserves? »
J’ai juste mes clefs dans mes poches et si je dois faire un aller-retour entre mon appartement et l’épicerie pour aller chercher mon porte-monnaie, ça va me prendre au moins 1 heure.
En plus, les SDF me tombent vraiment sur les nerfs. Ils sont
manipulateurs, exigeants et ils te citent la Bible à tour de bras pour attiser
ta sympathie. Particulièrement Paul et sa gagne. Ils font juste boire de la bière
cheap à longueur de journée dans le même coin délabré. Je ne veux pas me
faire manipuler. Je me respecte trop pour ça. Donc je lui dis :
« Malheureusement,
je n’ai pas mon porte-monnaie sur moi. Mais tu sais Paul, à Dallas tu peux
manger à tous les repas gratuitement dans les centres d’aide. Es-tu allé hier à
la distribution de nourriture qu’il y a tous les samedis matin à CCI? Je
ne reviendrai pas ici aujourd’hui. Je rapporterai probablement quelque chose
samedi prochain. Bye. »
Tsé comprenez moi! En plus, j’ai vraiment besoin de tout mon
temps pour écrire ma série de prédications pour le Camp Brochet 18+ où je vais
parler de comment Jésus s’était formé des disciples en étendant son amour pour
les gens marginaux et les pécheurs.
Donc avec ces convaincantes défaites en tête, je
reviens à mon appartement, je pisse dans ma toilette immaculée, je me fais un
café et je prend le temps de me rafraichir avec mon air climatisé après avoir
marché un gros 15 minutes dehors.
Ensuite, je vais dans mon lieu d’étude, et je commence
à lire la Bible en vue de préparer mes prédications. La Bible se met à m'attaquer. Je me met en colère parce que ce n’est pas vrai que je vais
me faire manipuler par ce fainéant de sans-abri là! C’est pas vrai que je vais
prendre 45 minutes de mon temps pour faire un aller-retour à l’épicerie puis
aller porter du ragoût dans le coin le plus ghetto de Dallas! J’ai besoin de tout ce temps là pour écrire ma série de prédications sur ce que veut
dire porter sa croix chaque jour et de suivre Jésus même lorsqu’aimer te coûte
et te désavantage.
Je fais les 100 pas dans mon appartement en maugréant
ma colère pendant 30 minutes. Y’a rien qui y fait ma conscience ne démord pas.
C’est avec les poings fermés et les dents serrés que
je me met en route vers l’équivalent du Dollarama pour lui acheter son ragoût
de bœuf. Mais Marc-André, tu achèterais vraiment à un sans-abri un ragoût que
tu ne mangerais pas toi-même? Je suis à ce moment en face de El Rancho, l’épicerie
mexicaine qui coûte plus cher que celle où je vais d’habitude. J’y entre. 10$
plus tard, j’ai du ragoût et des bouteilles d’eau. Tsé, les SDF devraient
savoir que mes finances sont vraiment serrées!
Je fais mon chemin en pensant à mes coups de soleil.
Tsé, j’ai des coups de soleil! C’était vraiment inconvenant de ta part Paul de
me demander de revenir... pense à ma peau un peu!
Depuis la première seconde de tout ceci je sais à quel
point c’est ridicule et incohérent. Mais j’ai quand même de l’hésitation entre
crier ma colère à Dieu pour les poignards qu’il me plante dans la conscience,
ou l’implorer qu’il me donne de l’amour pour que je sois moins une crapule et
que j’acquiesce la dignité humaine chez tous et toutes.
J’arrive dans leur coin. Il est 12:30 et ils sont déjà
assez saouls. Ils sont faciles à mépriser et difficiles à aimer. Je leur donne
les bouteilles d’eau et le ragoût canné. Je veux que ça finisse le plus vite
possible. Randy me dit : « merci, c’est vraiment gentil de ta part
de faire ça. » Et là dans ma tête je me dis... « écoute Randy
ça me tentait vraiment pas » mais je finis par dire avec le trémolo dans la voix « et
bien... j’écris une série de prédications présentement... et si je dois parler
de la Bible, autant bien la mettre en pratique. » Je ne sais pas
pourquoi je lui ai confessé ça, mais c’était comme si il fallait que j’avoue à
mon père que j’avais bossé son camion. Peut-être que c’est parce que
je confessais à mon Père que j’avais méprisé sa création. Je rend grâce pour la
nourriture, je prie que Dieu brise les chaînes de leurs addictions, et je leur
souhaite un bon dimanche. Ils boivent [de l’eau, cette fois], reconnaissants.
La dureté de
mon cœur est un problème majeur. Cette histoire là est tellement banale. Mais elle
illustre bien comment le cœur, derrière des remarques sensées et rationnelles, a
mille voies tortueuses pour se donner la licence de se complaire dans l’amour du
moi; par inversion le mépris de l’autre. La seule chose qui m’importe, c’est
moi-même. Mon planning, mes objectifs à accomplir, mon argent, ma gloire, ma
réputation, mon temps. J’espère que Dieu va me briser, va me donner un cœur
tendre. Je suis reparti de là le plus rapidement que j’ai pu, mais le cœur
léger.
Salut à tous
les enseignants, les éducateurs, les infirmières, les travailleurs sociaux, les
parents et les intervenants de toutes tranches!
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Quelques nouvelles et
requêtes de prière
-Dans moins
d’un mois je prend l’avion pour le Québec. Il me reste encore beaucoup de
travail pour boucler ma session. Ce sera des efforts soutenus.
-Mon étude
des textes que je développe pour le CB 18+ est presque terminée. La semaine
prochaine je commencerai à écrire les prédications.
-J’ai toutes
mes finances pour payer mes frais de scolarité pour la session d’automne,
gloire à Dieu.
-Requêtes :
(1) Grandir en grâce, en service et en humilité, (2) acuité intellectuelle,
concentration, discipline, (3) préparation pour le CB 18+, (4) stage au Québec
été 2015.
Je vous
remercie de votre soutien spirituel, moral et financier. Il n’y a pas beaucoup
d’étudiants l’été sur le campus du séminaire, mais je ne suis pas seul parce
que je me sais soutenu par ma famille du Québec. C’est un privilège d’être
redevable à vous.
Je vous
souhaite un bon dimanche,
Marc-André
Caron
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