samedi 10 octobre 2015

L’intolérance séculière - réaction à "la résistance religieuse" par Mme Mélanie Dugré, texte paru sur La Presse le 7 Oct 2015

Me sentant lâche, je me suis dis : « pourquoi ne pas plagier un article déjà écrit et faire quelques changements stratégiques? » Ma conscience m’accusant fortement, j’ai décidé de mettre le texte de Mme Mélanie Dugré, "la résistance religieuse", dans la colonne de gauche (publié le 7 octobre sur La Presse), et de reproduire son texte avec mes modifications en jaune dans la colonne de droite.

« La résistance religieuse » de Mme Mélanie Dugré
La religion qui juge, condamne et ordonne, celle qui prétend pouvoir distinguer le bien du mal et détenir la vérité absolue, m'a toujours donné de l'urticaire. Je ne nie pas que la foi, religieuse ou pas, puisse être réconfortante, salutaire et salvatrice pour l'humain, mais je suis convaincue qu'elle relève de la sphère privée et doit se faire discrète.
La liberté de religion fait évidemment partie des droits fondamentaux que nous avons choisi d'inclure dans la Charte canadienne des droits et libertés. Un geste sans contredit important, pour le meilleur et pour le pire, et dont la portée était sans doute insoupçonnée au moment où il a été posé. Le meilleur se fait bien timide par les temps qui courent, pendant que le pire fait fréquemment les manchettes. J'aurais pu parler du niqab, mais je n'ai surtout pas envie de faire une fleur aux conservateurs en revisitant ce que plusieurs ont qualifié, à juste titre, « d'arme de distraction massive ».
En revanche, je constate que la religion ne se gêne pas pour se mêler, que dis-je, pour faire reculer certains débats sociaux. Il suffit de penser à ce qui se passe en Ontario, où l'école Thorncliffe Park, située dans un quartier reconnu pour abriter une grande population musulmane, s'est littéralement vidée dans un mouvement de protestation à l'égard du nouveau programme d'éducation sexuelle en milieu scolaire, auquel s'opposent les parents pour des motifs religieux. Le Québec n'est pas en reste, avec l'Association des parents catholiques du Québec (APCQ), qui a formulé des menaces semblables.
Je reconnais à ces gens le droit de retirer leurs enfants d'un cours qui interfère avec leurs convictions, tout en soulignant que lorsque leurs petits anges s'extraient de la bulle familiale aseptisée aux effluves religieux, ils sont exposés aux mêmes réalités que les petits diables de leur âge. L'idée derrière ce programme n'est pas d'abdiquer nos responsabilités parentales à l'égard de l'éducation sexuelle, mais bien de permettre à l'école et aux parents de travailler en équipe afin de fournir des informations exactes, transmettre des messages clairs et éducatifs, faire de la prévention et rajuster le tir quant aux images, mythes et fictions dont les enfants sont bombardés.
La religion devrait se garder une petite gêne puisqu'en matière de sexualité humaine, l'histoire révèle qu'elle fait plutôt office de piètre modèle et conseillère.
Que dire maintenant de la récente sortie de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), qui demande aux candidats aux élections fédérales de se prononcer sur l'aide médicale à mourir et réclame un « vrai » débat sur cette question ? Rappelons que d'exhaustives consultations publiques ont été tenues, qu'une loi a été votée et adoptée et que la Cour suprême s'est prononcée.
Est-ce qu'on peut maintenant, s'il vous plaît, avancer et arrêter de faire deux pas en arrière après en avoir fait un, lentement et péniblement, en avant ? Rassurons les récalcitrants : les paramètres de la loi sont stricts, il n'y aura pas de tordage de bras, pas plus, comme le craint le cardinal Lacroix, qu'on ne se débarrassera à coups de seringues venimeuses de toute une génération qui coûte une fortune en soins de santé. Eh oui ! il est possible de continuer à développer et investir dans les soins palliatifs tout en encadrant l'aide médicale à mourir.
Les groupes religieux, quels qu'ils soient, font souvent preuve de résistance devant les enjeux sociaux qui bousculent traditions et idées reçues, mais qui sont néanmoins indissociables de l'évolution de notre société. Ces groupes auraient avantage à user de retenue et de discrétion en évitant les prises de position publiques catégoriques et tranchées qui nous font collectivement stagner, voire reculer.

« L’intolérance séculière » par ‘moi’!
Le sécularisme qui juge, condamne et ordonne, celui qui prétend pouvoir distinguer le bien du mal et détenir la vérité absolue, m'a toujours donné de l'urticaire. Je ne nie pas que le sécularisme, athée ou pas, puisse être utile, relativement moral et un facteur positif pour le développement humain, mais je suis convaincu qu'il relève de la sphère privée et doit se faire discret.
La liberté de religion fait évidemment partie des droits fondamentaux que nous avons choisi d'inclure dans la Charte canadienne des droits et libertés. Un geste sans contredit important, pour le meilleur et pour le pire, et dont la portée était sans doute insoupçonnée au moment où il a été posé. Le meilleur se fait bien timide par les temps qui courent, pendant que le pire fait fréquemment les manchettes. J'aurais pu parler du niqab, mais je n'ai surtout pas envie de faire une fleur aux conservateurs en revisitant ce que plusieurs ont qualifié, à juste titre, « d'arme de distraction massive ».
En revanche, je constate que l’humanisme séculier ne se gêne pas pour se mêler, que dis-je, pour faire reculer certains débats sociaux. Il suffit de penser à ce qui se passe en Ontario, où l'école Thorncliffe Park, située dans un quartier reconnu pour abriter une grande population musulmane, s'est littéralement vidée dans un mouvement de protestation à l'égard du nouveau programme d'éducation sexuelle en milieu scolaire, auquel s’opposent les parents à qui l’on a imposé ce programme par motif séculier. Le Québec n'est pas en reste, avec le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et Recherche (MEESR), qui a formulé des menaces semblables.
Je reconnais à ces gens le droit de retirer leurs enfants d'un cours qui interfère avec leurs convictions, tout en soulignant que lorsque leurs petits anges s'extraient de la bulle familiale aseptisée aux effluves faussement objectives, ils sont exposés aux mêmes réalités que les petits diables de leur âge. L'idée derrière ce programme n'est pas d'abdiquer nos responsabilités parentales à l'égard de l'éducation sexuelle, mais bien de permettre à l'école et aux parents de travailler en équipe afin de fournir des informations exactes, transmettre des messages clairs et éducatifs, faire de la prévention et rajuster le tir quant aux images, mythes et fictions dont les enfants sont bombardés, e.g. que la moralité n’existe pas, que l’éthique sexuel se limite à respecter autrui, que l’on peut s’autodéterminer, que le sexe est banal, que l’avortement n’est pas un meurtre, etc.
L’humanisme séculier (et pourquoi pas les humains en général) devraient se garder une petite gêne puisqu'en matière de sexualité humaine, l'histoire révèle que l’humanisme séculier fait plutôt office de piètre modèle et conseiller.
Que dire maintenant de la récente sortie de Mme Mélanie Dugré,  qui demande aux groupes religieux d’user davantage de discrétion en évitant les prises de position publiques? Rappelons [...] qu'une loi a été votée et adoptée et que la Cour suprême s'est prononcée. Les communautés chrétiennes continueront d’agir selon la prémisse que la vie est un don,  que la mort est toujours indigne, et que la mort la plus compatissante est dans une communauté qui manifeste l’amour et où les douleurs sont soulagées par des soins palliatifs.
Est-ce qu'on peut maintenant, s'il vous plaît, avancer et arrêter de faire semblant que la société canadienne est homogène? Ne soyons pas aussi sûrs de nous« les paramètres de la loi sont stricts, il n'y aura pas de tordage de bras, pas plus, comme le craint le cardinal Lacroix, qu'on ne se débarrassera à coups de seringues venimeuses de toute une génération qui coûte une fortune en soins de santé. » Eh oui ! il est possible de discréditer des soucis légitimes par des ad hominem.  
Les groupes majoritaires, quels qu'ils soient, font souvent preuve d’intolérance devant les enjeux sociaux qui bousculent l’idée reçue du moment, mais qui sont néanmoins indissociables du changement de notre société. La majorité séculière aurait avantage à user de retenue et de discrétion en évitant les prises de position publiques catégoriques et tranchées qui nous font collectivement stagner, voire reculer.

 Non mais n’est-ce pas très ironique?
Le texte de Mme Dugré est illustratif du genre de totalitarisme séculier qu’il y a dans la place publique (de Tout le Monde En Parle jusqu’aux conversations de dépanneur...). Faut-il le rappeler qu’une démocratie présume une diversité parmi sa population, et que si sa population est homogène alors il s’en suit que ce n’est plus une démocratie, mais une dictature. En dépit des idées reçues de Mme Dugré, j’ose espérer que tous les Canadiens, peu importe leurs fondements épistémologiques, continueront de participer à la société civile.
En ce qui concerne l’Église (en bon évangélique, je réfère ici à l’Église catholique qui fonctionne comme un empire), Mme Dugré a raison en soulignant qu’elle agit comme un frein grinçant sur une majorité séculière. Je vais même abonder dans son sens en disant que le rôle de l’Église n’est pas de prendre le contrôle de la société pour imposer une éthique sociale. L’Église n’est pas le royaume, mais l’avant-goût du royaume.  L’Église incarne les pratiques de paix du royaume de Dieu de façon à rendre ce royaume visible. [1] La première responsabilité de l’Église n’est pas d’être le gardien de la moralité sur la place publique, mais d’être... l’Église, « la communauté de serviteur. »[2] Ce qui fait que l’Église est l’Église au yeux du monde, c’est quand elle manifeste fidèlement le royaume de paix de Jésus. « En tant que telle, l’Église n’a pas une éthique sociale; l’Église est une éthique sociale. »[3]
Donc dans un sens, je ne peux pas trop en vouloir à Mme Dugré (même si je suis troublé par son intolérance de tout ce qui est dissident de ce qu’elle perçoit comme étant objectif), parce que l’Église ne peut pas s’attendre à ce que le monde ne soit pas le monde.  
Indépendamment de où la société s’en va, l’Église continuera de dire que Jésus est Seigneur (oui, César, tu peux être offensé) et d’agir en conséquence. Pour finir en lien avec l’aide médical à mourir, que faire nous pauvres Chrétiens? « Le chemin devant pour les médecins chrétiens et les autres personnes concernées est clair - prendre soin des mourants d’une telle façon que le désir pour l’euthanasie soit prévenu. »[4] Être une Église qui manifeste le Royaume en ce que les mourants ne sont pas isolés, mais entourés, aimés et soulagés.



[1] Stanley Hauerwas, The Peaceable Kingdom (Notre Dame, IN: Notre Dame University Press, 1983), 97.
[2] Ibid., 99
[3] Ibidem.
[4] Glen H. Stassen and David P. Gushee, Kingdom Ethics: Following Jesus in Contemporary Context (Downers Grove, ILL: IVP Academic, 2003), 250.


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Quelques nouvelles et requêtes de prière
Ouf le semestre file à toute allure! Déjà quasiment à la moitié. Je suis enterré de travaux, de lectures et de projets .... et je n’échangerais pas ça pour rien au monde! Je suis très encouragé et je prends plaisir à tout ce que je fais jusqu’ici. C’est difficile à communiquer, mais chaque jour j’ai peine à réaliser à quel point je suis béni de pouvoir étudier la Parole à DTS. Merci à vous et merci à Dieu.
Je vais très bien : la santé, le moral et la motivation. L’inscription pour les cours de la prochaine session a eu lieu la semaine dernière; j’ai pu avoir une place dans tous les cours désirés. Le paiement des frais de scolarité arrive dans les prochaines semaines.
Requêtes de prière : (1) motivation, discipline, passion et acuité intellectuelle, (2) grandir en sainteté, en service et en amour, (3) le prochain 3 jours (jusqu’à jeudi soir) sera un blitz scolaire intense.
Je vous remercie de votre soutien moral, financier et des prières que vous offrez au Père pour moi. Vous faites de moi le plus béni des séminaristes du monde, et j’espère que je pourrai vous démontrer ma gratitude par mon service dans le futur.
Marc-André Caron


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