Cette semaine
à Un souper presque parfait, une jeune participante a dit : «Je me disais les handicapés, y’ont pas leur place dans
la société, genre. [...] «On peut pas traiter les handicapés genre, pis le
monde qui sont fous genre, de la même façon que nous, tsé ils font pas partie
de la société, en tant que telle, parce que nous on paie pour eux, mais eux
autres ils contribuent à rien dans la société donc c’est une classe à part.»[i]
...
J’ai une sœur sévèrement handicapée.
Elle s’appelle Laurie. Laurie est une étrange bibitte d’habitude, mais
extrêmement attachante. Souvent elle bougonne quand les choses ne font pas son
affaire. Elle est gâtée, super bien habillée et territoriale : elle a
vraiment de la misère avec les autres bébés, parce qu’elle les voit comme des
menaces pour l’attention de sa maman.
Elle aime le fromage en grains, le pain
blanc, mais elle a surtout une passion pour les sacs-à-main et les porte-clefs.
Ses sacoches sont si importantes que l’une de ces fois, l’une de ses
enseignantes a rapporté à la maison la sacoche de Laurie après qu’elle se soit
rendue compte qu’elle l’avait oubliée à l’école.
Ça fait 18 mois que j’habite à Dallas
et elle me manque beaucoup. Je pense que c’est la personne avec qui je suis le
plus intime, Laurie. C’est un peu fou, je sais, parce que Laurie ne parle pas.
En fait, quand j’explique qui est ma sœur, je dis qu’elle est comme « un bébé de 2 ans ou un gros chat ».
Elle est passée au travers de beaucoup
de souffrances physiques. C’était vraiment terrible il y a un an. Elle va assez bien ces jours-ci.
Mes interactions avec Laurie sont
largement positives, mais ce n’est pas moi qui lui donne ses soins. Mon père et
ma mère, - ma mère principalement -, sont ceux qui s’en occupent, assistés
d’intervenants à domicile. Laurie nécessite des soins au levée, pour l’hygiène,
pour s’habiller, pour ses besoins, pour manger, pour la superviser constamment
et au couché. Bref, c’est constant, et c'est du lourd.
D’un point de vue utilitariste, elle est inutile. Laurie ne
contribue pas à la société. Zéro.
Que faut-il pour que Laurie mérite la
vie et ait de la valeur? Faut-il qu’elle contribue à l’économie? Faut-il qu’elle
soit une personne? Devrait-on prendre soin d’elle dépendamment du résultat
d’une équation?
Il semble que tout le monde a écrit quelque chose à propos de ce que la jeune participante a dit à Un souper presque parfait. Plusieurs textes que j’ai lus parlait de la valeur des « handicapés ». Mais les « handicapés » n’ont pas besoin d’avoir de valeur. On n'a pas besoin de dire « je connais XYZ qui est
sourd-aveugle-muet et il a inventé Google! Alors voyez, nous avons besoin des
handicapés ! »
Dire ça sous-entend que la contribution sociale est un critère important.
Je crois que c’est d’entrer dans un jeu auquel il ne faut pas jouer. Faut-il vraiment contre-argumenter comme un utilitariste pour démontrer que les "handicapés" ont une place dans le monde?
Aux yeux de ceux qui parlent le langage de Dieu (c.-à-d. l’amour dans la communion), la contribution sociale de Laurie cesse d’être un critère.
Laurie et moi |
Laurie n’a pas à remplir les critères pour être qualifié de "personne." Laurie n'a pas non plus à être un agent économique. Je dis
ça non pas parce que je pense que Laurie n’est pas une personne ou un agent
économique, mais parce que je pense que ces critères sont largement impertinents,
parce que Laurie c’est Laurie; Laurie, fille de Christian, fille de Cécilien, fille d’Alphonse, [...] fille de Dieu. Laurie c’est Laurie, ma sœur. Prendre soin de Laurie ne dépend pas de si elle contribue à la société, ou si elle se mérite le statut de « personne ». Les gens autour d'elle reconnaissent bien sa valeur, une valeur qui ne se calcule pas mais qui se sait dans le cœur.
La valeur d’un individu est intrinsèque, parce que les humains sont créés à l’image de Dieu, même si cette image est défigurée. La disposition a vouloir prendre soin de quelqu’un d'autre dépend de l’attitude qu’on lui porte : que ce soit un aîné mourant, ma sœur Laurie, un bébé en gestation non-désiré, ou un itinérant manipulateur.
La valeur d’un individu est intrinsèque, parce que les humains sont créés à l’image de Dieu, même si cette image est défigurée. La disposition a vouloir prendre soin de quelqu’un d'autre dépend de l’attitude qu’on lui porte : que ce soit un aîné mourant, ma sœur Laurie, un bébé en gestation non-désiré, ou un itinérant manipulateur.
Ce qui explique pourquoi la plupart des
commentateurs sur l’histoire ont recommandé à la jeune participante d’aller
rencontrer des personnes handicapées : on se rend rapidement compte que la
vie c’est plus que l’apport économique, mais c’est connaitre et être connu,
aimer et être aimé. L’handicapé qui se tient à distance et qu’on appelle "handicapé" peut bien mourir, mais avoir une Laurie te permet de savoir que tout ne se sait pas que par un calcul froid.
Heureux les affligés, car ils seront consolés!
[i] C’est évident la jeune participante parle par ignorance et naïveté. Elle aura surement beaucoup appris dans les derniers jours et j’espère qu’elle ne sera pas anéantie par une lapidation publique. La réponse de M. Stéphane Laporte était pleine de grâce et de bon sens : http://plus.lapresse.ca/screens/83fc0e8d-9f8d-4e3f-9402-3097df6d5958%7C_0.html
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Quelques nouvelles et requêtes de
prière
Le semestre progresse, plus de la
moitié est déjà écoulée! Tout va bien à l’école. Je suis en santé et je me sens
particulièrement fortifié par l’Esprit.
Je serai au Québec du 16 décembre
jusqu’au 6 janvier. Ce sera mon plus long congé depuis que j’ai commencé à DTS.
D’ici là, j’ai beaucoup à faire. Je ne pense pas pouvoir relâcher du tout
pendant le deux semaines de vacances que nous en novembre (semaine de lecture +
semaine de l’Action de grâce américaine).
Bref, pas de nouvelle, bonne nouvelle!
Requêtes de prière: (1) motivation,
discipline, passion et acuité intellectuelle, (2) grandir en sainteté, en
service et en amour, (3) samedi prochain (1 novembre) mon église à Dallas
organise une fête de quartier.
Merci de vos prières, de votre support
moral et financier. Je remercie le Seigneur chaque jour pour vous. Qu’il fasse
briller sa face sur vous!
Marc-André Caron
merci Marc-André pour ce message encourageant et plein de grâce ! que tes parents et ta sœur soient bénis.
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